Le médecin anesthésiste de Besançon soupçonné de sept empoisonnements, dont deux mortels, a été laissé libre mais sous contrôle judiciaire mercredi par les juges de la chambre de l'instruction de la Cour d'appel de Besançon. Les juges n'ont pas suivi la demande d'incarcération présentée par le parquet général. Mais ils ont porté le montant de la caution de 60 à 100.000 euros.
L'anesthésiste clame son innocence. Le praticien âgé de 45 ans s'est présenté mercredi matin devant ses juges en clamant son innocence. Le président de la chambre de l'instruction, Gilles Raguin, avait décidé de la publicité restreinte des débats, sur demande de l'avocate générale qui souhaitait éviter que des "éléments couverts par le secret de l'instruction" ne soient évoqués devant la presse.
Après sa mise en examen pour "empoisonnement avec préméditation", le 6 mars, le praticien avait été laissé libre sous contrôle judiciaire par le juge des libertés et de la détention.
La défense invoque une "faiblesse" des charges contre l'anesthésiste. La décision de le laisser libre est "justifiée" pour son avocat Maître Randall Schwerdorffer, selon lequel "il y a de vraies faiblesses en termes de charges pesant contre lui". Le parquet estimait au contraire nécessaire son incarcération pour "permettre à l'enquête de se poursuivre sans pression et avec sérénité".
Praticien réputé et apprécié du milieu médical bisontin, l'anesthésiste est soupçonné de l'empoisonnement volontaire et prémédité de sept patients âgés de 37 à 53 ans, entre 2008 et 2017, dans deux cliniques privées de Besançon. Il encourt une peine de réclusion criminelle à perpétuité s'il est déclaré coupable.
"Des crimes odieux que je n'ai pas commis. "On m'accuse de crimes odieux que je n'ai pas commis", s'est-il défendu mi-mars dans un entretien à L'Est Républicain, soulignant qu'une première enquête diligentée en 2012 sur trois des cas incriminés avait conclu, selon lui, à l'absence d'actes malveillants, avant d'être classée sans suite.
Selon l'enquête, des "doses létales de potassium et d'anesthésique" ont été volontairement administrées à quatre patients de la clinique Saint-Vincent - dont deux sont morts - et à trois patients de la polyclinique de Franche-Comté lors de d'opérations sans difficultés particulières.