Le secteur de la grande distribution, soumis à une très forte concurrence, n'échappe pas aux suicides au travail. La semaine dernière, un agent de maîtrise de Lidl, père de famille, s’est donné la mort chez Lidl, dans l'entrepôt où travaillait, près d'Aix-en-Provence. Les personnels et les syndicats sont sous le choc et entament leur troisième jour de grève.
Il avait demandé sa mutation. Vêtus de noir, le visage fermé, les 110 salariés ne reprendront pas le travail mercredi matin. Ils vont rester devant l'entrepôt pour manifester leur désespoir. Pour eux, le suicide de Yannick, 33 ans, retrouvé pendu, n'est pas le fruit du hasard. Subissant trop de pression, l’employé avait, comme beaucoup d’autres, demandé sa mutation, informent les syndicats. Mais sa hiérarchie ne l’a pas écouté, préférant imposer des cadences infernales, afin de repositionner le groupe sur le marché très concurrentiel du hard discount.
"Ils nous tuent à petit feu". Une politique de management dénoncée par Christophe Polichetti, délégué CGT, employé chez Lidl depuis plus de 20 ans. "Il faut que le consommateur, lorsqu'il passe la porte du magasin Lidl, il sache que, derrière la réserve, il y a des gens qui souffrent. Le paquet de pâtes est entouré de larmes et de stress. C'est la guerre des grandes enseignes. Je suis d'accord pour qu'on récupère des parts de marché, pour que l'on prospère, mais pas à ce prix-là. Depuis deux ans, je vois des femmes, des mères de famille, qui travaillent dans le magasin et qui se mettent à pleurer, seule, dans les réserves. C'est la face cachée. Ils nous tuent à petit feu", alarme-t-il.
Une plainte bientôt déposée. De son côté, la famille du salarié envisage de porter plainte contre le groupe, qui précise dans un communiqué qu'une enquête interne a été ouverte et qu’une cellule psychologique est à disposition des salariés.