Après les policiers et les avocats, la colère s’étend aux surveillants de prison. Leur exaspération se cristallise autour de leurs conditions de travail déplorables, liées à un manque d'effectifs et des problèmes de sécurité. Face aux actes de violence des détenus envers les surveillants qui se multiplient, les syndicats des personnels de l'administration pénitentiaire appellent à une manifestation nationale jeudi à Paris. Le cortège devrait se terminer devant le ministère de la Justice. Un nouveau défi pour la garde des Sceaux Christiane Taubira.
"Une morsure il y a un an". Conditions de travail, insécurité, indemnités trop peu élevées, les sujets qui cristallisent la colère des personnels pénitentiaires sont nombreux. Mais ce qui marque surtout c’est le nombre d’agressions auxquelles sont confrontés les détenus. Car avec de moins en moins de personnel et de plus en plus de détenus, les risques d’agressions sont décuplés.
"Le phénomène de violence prend différentes formes. Je l’ai vécu deux fois en moins d’un an, avec une morsure au mois de décembre l’an dernier. Ça m’a coûté une trithérapie à titre préventif. Et il y a moins d’un mois, un détenu qui devait passer en commission de discipline s’est retourné et m’a asséné un coup de poing magistral. Voilà ce que c’est la violence en détention. J’ai des collègues moins chanceux qui ont été pris en otage. Parfois pour des choses anodines, comme une demande de transfert, ou un rapprochement familial", témoigne Maxime, premier surveillant au centre pénitentiaire de Fresnes.
"Comment je vais faire pour ne pas exposer mon personnel ?" Si les agressions semblent récurrentes, elles soulèvent un problème plus profond, celui du manque de moyens, donc d’effectifs. "Je ne vais pas travailler avec la peur au ventre. Mais je viens de plus en plus souvent avec des interrogations : comment la journée va se passer ? Comment je vais faire pour ne pas exposer mon personnel, parce que je sais que je n’ai pas le nombre de personnel nécessaire ? Comment je vais faire pour faire fonctionner l’établissement. Tous les jours, on expose les personnels pénitentiaires, de plus en plus", alerte le surveillant pénitentiaire au micro d’Europe 1.
Les syndicats exigent donc des créations d'emplois. "Selon les chiffres de l'administration, 1.200 à 1.300 postes dans les organigrammes restent vacants", détaille Christopher Dorangeville, secrétaire national de la CGT Pénitentiaire. Pour renforcer les quelque 27.000 personnels déjà existants, l'administration pénitentiaire a lancé le 1er octobre une grande campagne de recrutement, visant à embaucher 1.500 surveillants et 200 conseillers d'insertion et de probation en 2016.