La cour d'appel de Cayenne a annulé, lundi, la condamnation d'une ex-candidate FN aux municipales qui avait comparé Christiane Taubira à un singe, en octobre 2013, à l'aide d'un photomontage. En première instance en juillet 2014, Anne-Sophie Leclère avait été condamnée à neuf mois de prison ferme et cinq ans d'inéligibilité par le tribunal de grande instance de Cayenne. Un temps tête de liste FN aux municipales à Rethel, dans les Ardennes, elle avait aussi été exclue en décembre 2013 par le parti de Marine Le Pen à la suite de cette image qu'elle avait diffusé sur son compte Facebook.
"Irrecevable". Dans son arrêt rendu lundi, la cour d'appel de Cayenne a jugé "irrecevable" l'action menée à l'encontre du Front national et d'Anne-Sophie Leclère par l'association Walwari, un mouvement cofondé par l'actuelle garde des Sceaux début 1993. La cour d'appel a considéré, entre autres, que Walwari "ne justifie pas", selon ses statuts, de proposer "de défendre la mémoire des esclaves et l'honneur de ses descendants" ou "de combattre le racisme" au moins "cinq ans avant les faits reprochés" d'octobre 2013, comme le requiert la loi.
Des peines conséquentes en première instance. "Sans qu'il soit nécessaire d'examiner les autres multiples exceptions de nullité" soulevées par les avocats d'Anne-Sophie Leclère et par celui du FN, la cour a estimé que "le tribunal n'ayant pas été régulièrement saisi de l'action publique, il y a lieu d'annuler le jugement du 15 juillet 2014". Estimant sa peine "disproportionnée", l'ex-candidate à Rethel, encartée depuis 2012 au Front National, avait fait appel à l'issue de sa condamnation.
En première instance, le tribunal, qui avait été saisi d'une plainte de Walwari, était allé au-delà des réquisitions du parquet. La peine de l'ex-candidate FN de neuf mois de prison ferme et de cinq ans intelligibilité avait été assortie d'une amende de 50.000 euros. Le Front national avait quant à lui été condamné à 30.000 euros d'amende.
En correctionnelle à Paris, en septembre 2015. Parallèlement à la procédure de Cayenne, le parquet de Paris avait ouvert une enquête préliminaire visant Anne-Sophie Leclère, au terme de laquelle le ministère public l'a citée à comparaître devant le tribunal correctionnel de Paris. Le procès était initialement prévu en septembre dernier, mais compte tenu des difficultés procédurales dues au jugement rendu entre-temps à Cayenne, le tribunal a renvoyé le dossier à septembre 2015.
"C'est une sauvage [...] Je préfère la voir dans un arbre". L'affaire avait éclaté le 17 octobre 2013, avec la diffusion d'un reportage de l'émission Envoyé spécial sur France 2. Dans celui-ci, apparaissait cette propriétaire d'un magasin d'articles de pêche s'efforçant de monter une liste FN pour les élections municipales de 2014, à Rethel, ville de quelque 7.500 habitants. Dans le reportage, elle qualifiait notamment la ministre de la Justice de "sauvage", ajoutant : "Je préfère la voir dans un arbre après les branches, que de la voir au gouvernement".
Questionnée alors sur le photomontage affiché sur sa page Facebook et comparant la garde des Sceaux à un singe, Anne-Sophie Leclère avait assumé, assurant que "ça n'a rien à voir" avec du racisme. "Cette photo, c'était de l'humour. L'image a été postée sur ma page Facebook et je l'ai supprimée quelques jours après. D'ailleurs, ce n'est pas moi l'auteur", s'était-elle ensuite défendue.
Retrouvez ici l'extrait de l'émission où Anne-Sophie Leclère s'explique sur le photomontage incriminé :
Taubira comparée à un singe par une candidate FNpar LeHuffPost