Le témoin-clé qui a permis aux policiers de localiser le chef d’orchestre présumé des attentats du 13 novembre à Paris sort du silence. A l’époque, son témoignage avait permis aux forces de l’ordre de parvenir à la planque d'Abdelhamid Abaaoud et de son complice Chakib Akrouh, les deux terroristes morts lors de l’assaut à Saint-Denis, le 17 novembre dernier.
Cette femme, amie d'Hasna Aït Boulahcen, la cousine Abdelhamid Abaaoud morte elle aussi lors de l’assaut, a raconté à RMC les circonstances de sa rencontre avec le chef opérationnel présumé des attaques du 13 novembre et dans quelles conditions elle l'a livré aux policiers. Aujourd’hui, son avocat, Me Patrick Baudouin, dénonce l’abandon de sa cliente par l’Etat, et en appel au ministre de l’Intérieur.
"Elle est extrêmement exposée". Au vu de la densité et l’importance du témoignage qu’elle a livré, notamment l’adresse des terroristes et leur projet de commettre de nouvelles attaques, la jeune femme devrait être sous protection estime son avocat. "Aujourd’hui, elle n’a pas de changement d’identité, donc elle est extrêmement exposée. Ce qui est regrettable, c'est que, dans son dossier pénal sur les attentats, on retrouve son identité, à travers son témoignage. Ça n’aurait pas dû être. On ne devrait pas, dans un dossier qui est ouvert à un certain nombre de gens, notamment les parties civiles, trouver son identité. Elle aurait dû figurer sous X", réagit Me Baudouin au micro d’Europe 1
"Il y a un besoin de la part de l’Etat d’intervenir". L'homme de loi déplore l’isolement de sa cliente et l’inconséquence de l’administration judiciaire qui n’a pas prévu de suivi. "Elle n’a bénéficié d’aucun soutien psychologique. Elle aurait dû être prise en charge, c’est une évidence. Elle est isolée, elle a perdu tout contact, elle n’a plus de travail. Il y a vraiment un besoin de la part de l’Etat d’intervenir pour elle", insiste-t-il. Patrick Baudoin se dit impressionné à la fois"par sa force de caractère et sa situation de fragilité psychologique extrême". "Elle a besoin que les choses soient faites jusqu'au bout. Elle estime qu'elle a rendu service au pays et à la justice."
Une mise en danger supplémentaire ? La jeune femme-t-elle bien fait de s'exprimer dans les médias ? "La meilleure manière de la protéger, c'est d'agir et de se taire", a affirmé le ministre de l'Intérieur Bernard Cazeneuve, jeudi dans la Matinale d'Europe 1. Pour son conseiller juridique, la témoin était en danger avant de prendre la parole dans la presse. Il espère donc que la publicité de son témoignage permettra, au contraire, de mieux la protéger. "Je crois que services publics vont prendre très au sérieux sa protection", a déclaré l'homme de loi.