Un centre commercial, une centrale nucléaire ou encore des bases militaires…. Une dizaine d'attentats ont été déjoués par les services de renseignement et de police, depuis un an. Et pour la première fois, ces projets terroristes font l'objet de riches précisions, dans le rapport de la commission d'enquête parlementaire sur les attentats de 2015, révèle Le Figaro. Après un minutieux travail ayant duré six mois, les députés se sont en effet attardés, au cœur de leur synthèse de 300 pages, sur cette dizaine d'attaques déjouées durant les douze derniers mois.
Trois projets terroristes déjà connus. Toutefois, si l'on parle de dix attaques contrecarrées, trois parmi elles avaient déjà été dévoilées dans la presse. A l'instar du projet de trois individus, interpellés en juillet dernier, et qui visaient un sémaphore de la Marine nationale, à Port-Vendres, dans les Pyrénées-Orientales. Ils projetaient notamment de décapiter un militaire gradé. Le trio de suspects, composé d'Ismaël, Djebril et Antoine, voulait frapper en France au nom de l'organisation terroriste Etat islamique. Autre tentative déjà connue, celle ciblant des militaires de la base navale de Toulon et ayant donné lieu à l'arrestation d'un individu de 25 ans, sous la surveillance de la DGSI, en octobre dernier.
Enfin, l'interpellation de Reda Kriket, à Boulogne-Billancourt, en mars dernier, dans la foulée des attentats de Bruxelles. Bernard Cazeneuve avait alors déclaré que la France venait d'échapper à un attentat "à un stade avancé". Le Franco-Algérien était pisté depuis deux semaines par la DGSI, et connu pour être hyper-violent. Une perquisition avait alors été menée à son domicile, à Argenteuil : des fusils d'assaut, dont des kalachnikovs, ainsi que des explosifs avaient été découverts dans cet appartement du Val-d'Oise.
Sept autres jusqu'à présent non dévoilés. Mais d'autres projets étaient restés confidentiels jusqu'à présent. Ainsi, en décembre dernier, Rodrigue D. et Karim K. ont été interpellés par la DGSI alors qu'ils souhaitaient s'en prendre "à des militaires et des policiers orléanais". D'après le rapport, si Karim K. a minimisé son implication dans le projet, il a néanmoins reconnu "vouloir assassiner le préfet du Loiret et s'attaquer à une centrale nucléaire". En décembre également, un Russe d'origine tchétchène était arrêté à Tours alors qu'il envisageait une "action violente en France avant de regagner la zone syro-irakienne pour y mourir en martyr".
Très souvent, on constate que ce sont des personnes dépositaires de l'autorité publique qui sont ciblées. Deux autres individus - deux frères – ont eux été interceptés en région parisienne alors qu'ils voulaient attaquer "des militaires, des policiers et/ou des juifs" ; tandis qu'un détenu radicalisé projetait, lui , d'assassiner une député parisienne. Enfin, en mars dernier, huit jours avant l'interpellation de Reda Kriket, quatre jeunes filles - dont trois mineures – projetaient d'attaquer "une salle de concert, deux cafés et un centre commercial à Paris", indique le rapport. Elles ont été arrêtées par la DGSI à Lyon, Roubaix, et Brie-Comte-Robert, en Seine-et-Marne.
Autant de projets d'attaques qui ont fait dire au coordinateur national du renseignement, Didier Bret, auditionné par la commission d'enquête : "Nous avons tout eu".