Thomas Fabius, fils du ministre des Affaires étrangères Laurent Fabius, a été entendu vendredi par un juge d'instruction parisien, puis a été mis en examen dans le cadre d'une enquête pour faux, escroquerie et blanchiment. Il a en revanche échappé à une mise en examen pour escroquerie, blanchiment de fraude fiscale, abus de confiance, abus de biens sociaux, les magistrats financiers parisiens le plaçant sous le statut de témoin assisté pour ces chefs.
Des mouvements de fonds suspects. Le parquet de Paris avait ouvert en 2013 une information judiciaire confiée aux juges d'instruction René Cros et Roger Le Loire. Les magistrats du pôle financier s'intéressent à d'importants mouvements de fonds qui pourraient avoir transité par les comptes de Thomas Fabius, client assidu des casinos. Ils enquêtent aussi sur l'acquisition en 2012 d'un appartement de près de 300 m², situé boulevard Saint-Germain en plein cœur de Paris, pour sept millions d'euros. Cette transaction avait fait l'objet d'un signalement à la cellule antiblanchiment de Bercy, Tracfin. Mais Thomas Fabius a toujours assuré que ce bien avait été financé légalement, pour partie par des gains de jeu et pour partie par un emprunt bancaire.
C'est sa passion du jeu qui est à l'origine des ennuis judiciaires de Thomas Fabius, 34 ans, et de la procédure, ouverte fin 2011 par une plainte de la Société générale. La banque accusait le jeune homme d'avoir édité un faux mail alors qu'il se trouvait au Maroc. "D'après cette plainte, le courriel avait été prétendument rédigé par son conseiller bancaire et laissait croire à un casino marocain que Thomas Fabius allait être prochainement destinataire de 200.000 euros", a décrit une source proche de l'enquête.
Il a aussi des ennuis avec la justice américaine. Outre la procédure en France, le fils de Laurent Fabius a des ennuis avec la justice américaine. Un procureur du Nevada a délivré fin octobre un mandat d'arrêt, qui n'est toutefois pas exécutoire hors du territoire américain. Thomas Fabius est accusé d'avoir rédigé des chèques en bois d'un montant total de plus de 3,5 millions de dollars (3,2 millions d'euros) dans plusieurs casinos de Las Vegas, à la mi-2012. Selon le procureur du Nevada, il semble avoir été pris d'une frénésie d'achat de jetons et de plaques de casino, rédigeant des chèques à répétition.