TOUR DE FRANCE DES FAITS DIVERS - En Bretagne, un meurtre en plein festival techno

"Alain Kernoa, le tueur du Teknival" - un récit proposé par Christophe Hondelatte
"Alain Kernoa, le tueur du Teknival" - un récit proposé par Christophe Hondelatte
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Europe 1 Studio , modifié à
HONDELATTE RACONTE - L’affaire Mathilde Croguennec, c’est l’histoire d’une adolescente de 18 ans tuée sauvagement en plein festival techno, au Teknival de Carnoët en 2005. Une affaire criminelle racontée par Christophe Hondelatte dans un récit haletant, issu de la série thématique de podcasts "Meurtres en Bretagne".
PODCAST

C’est l’un des faits divers les plus marquants de la Bretagne. En juin 2005, alors que le rassemblement de teufeurs du Teknival bat son plein, le corps de Mathilde Croguennec, l’une des participantes de l’immense rave party, est retrouvé dans le bois avoisinant. Christophe Hondelatte raconte cette enquête hors norme. 

 

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Le 26 juin 2005, tandis que le soleil se lève sur le Teknival, deux teufeuses tombent sur le corps ensanglanté d’une jeune fille nue, dans le bois qui jouxte le champ. Dans le festival, la nouvelle ne tarde pas à se répandre. Au même moment, deux adolescentes s’inquiètent de la disparition de leur cousine. Celle-ci ne s’est pas rendue au point de rendez-vous convenu, et elle est la seule du groupe à ne pas avoir donné de signe de vie depuis plusieurs heures, alors même que son petit ami est rentré chez lui bien plus tôt. La mort dans l'âme, les deux filles font part de leur inquiétude aux gendarmes qui investissent les lieux. Leurs doutes se confirment : la description qu'elles font de leur cousine correspond à celle du corps retrouvé. Il s'agit donc de Mathilde Croguennec, 18 ans, qui avait pour la première fois eu la permission de ses parents d’assister à un festival. Avec ces informations, le festival est bouclé, et l'enquête de la gendarmerie s’ouvre. Mais par où commencer ? "Elle était très sociable, vous savez. Elle a forcément parlé à plein de gens…"

 

Un meurtre, 43 000 suspects

Les gendarmes parviennent à relever 20.000 identités, mais à l’heure de la découverte du corps, beaucoup de teufeurs ont déjà quitté les lieux. Autant chercher une aiguille dans une botte de foin. Cependant, non loin du cadavre, on a trouvé un couteau à cran d’arrêt qui a été envoyé au laboratoire. En effet, d’après l’autopsie, Mathilde Croguennec a été victime de pas moins de 28 coups de couteaux, dont 15 qui lui ont été mortels. Son foie a été perforé à six endroits et ses poumons étaient remplis de sang : elle est morte à la fois d’asphyxie et d’hémorragie. On a aussi observé des traces d’attouchements. C’est un meurtre sauvage, avec une arme peu banale.

Lorsque tombe l’analyse ADN du couteau, son petit-ami, rentré plus tôt dans la nuit, est mis hors de cause. La cellule d’investigation qui est alors formée pour résoudre l’enquête tente de remonter jusqu'au tueur en déterminant l’origine du couteau et en analysant les relevés de la téléphonie. L’enquête se poursuit sans succès pendant des mois, jusqu’au jour où les enquêteurs décident de passer au crible les photos prises par le petit copain de Mathilde cette nuit-là. Sur les clichés observés, il y a un homme qu’aucun des proches de Mathilde ne reconnaît : faute d'informations, les gendarmes le surnomment "l’homme au pull rouge". Brun, bronzé, souriant, il apparaît bras-dessus bras-dessous avec la jeune fille. Pourtant, personne ne se souvient de lui…

 

L’homme au pull rouge 

C’est au commissariat de Rennes qu’un homme reconnaît pour la première fois le mystérieux individu. Il s’agirait d’un certain Alain Kernoa, ancien marine rattaché à l’arsenal de Brest. Lorsque l’on entre son nom dans la base de données de la gendarmerie, on apprend qu’il a été arrêté trois mois auparavant pour exhibition sexuelle après s’être masturbé dans sa voiture en public. Il aurait reconnu les faits, et vivrait désormais chez ses parents à Marseille. Bingo : ses relevés bancaires indiquent qu’il aurait dépensé environ 80 euros à l’armurerie du Mont Saint-Michel, d’où provient le couteau, quelques mois avant le meurtre au Teknival. Alain Kernoa est alors arrêté. En attendant les résultats de ses empreintes, sa chambre est perquisitionnée. On y découvre notamment une recette pour fabriquer du GHB, la drogue du violeur. Lorsque l’analyse génétique revient positive, tous les doutes sont levés : il s’agit bien là du meurtrier de Mathilde. 

 

"C’est comme si j’étais dans un jeu vidéo"

Reste encore à élucider une question cruciale : Alain Kernoa était-il conscient lors des faits ? C’est tout le débat du procès qui s’ouvre en 2008 à Saint-Brieuc. Depuis qu’il a admis le meurtre, Alain Kernoa n’a cessé de changer de version. Il a d’abord prétendu avoir été forcé par une bande de “punks” de la frapper. Puis il a déclaré “s’être mis à la frapper sans raison”, sous-entendant avoir été sous l’influence de la drogue. Aux assises, il affiche une nouvelle ligne de défense : “Je ne vis pas vraiment dans le monde réel. Je me suis cru dans un jeu vidéo, c’est comme si elle était en plastique.” Les psys considèrent que s’il ne présente aucune déficience, cet homme est un manipulateur, un mythomane. Une chose est sûre : Alain Kernoa ne réalise pas la gravité de son acte, et ne s’attend pas non plus à la peine dont il va écoper pour son crime...

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