Le 15 décembre 1985, la police découvre trois corps carbonisés dans le brasier d’un relais de chasse à Belhade, un petit village dans les Landes. Une enquête des plus surprenantes, retranscrite ici à partir d’un récit livré dans le podcast "Hondelatte Raconte" par le journaliste Christophe Hondelatte.
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Trois morts, une rescapée
14 décembre 1985. Tandis que la nuit tombe sur le relais de chasse de la forêt de Belhade, les chasseurs rentrent chez eux. Il ne reste plus sur les lieux que Jean-Claude, le gérant, sa sœur Marie-France, sa compagne Lucienne ainsi que le jeune garde-chasse, Jean-Michel. Vers 23h, après le dîner, chacun regagne sa chambre. Quelques heures plus tard, vers 1h du matin, Marie-France entend une voiture s’approcher. Elle distingue le bruit de la porte de la cuisine qui s’ouvre. Puis plusieurs coups de feu, à différents endroits de la maison. Pour échapper aux intrus, elle se jette par la fenêtre pour se cacher dans les bois. Marie-France ne se retourne que pour voir trois silhouettes sortir en trombe de la bâtisse et sauter dans leur voiture, avant que le relais prenne feu.
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Lorsque les gendarmes arrivent, alertés par Marie-France qui s’est réfugiée chez les voisins les plus proches, le relais de Jean-Claude Bonnefon n’est plus qu’un énorme brasier. “Ils étaient trois dans la maison. Je pense qu’ils ont tous été tués”, leur raconte Marie-France. Et en effet, une fois l’incendie éteint et les fouilles rendues possibles, on retrouve les corps des trois résidents. Mais pourquoi les a-t-on abattu ?
Relais de chasse, mais pas que…
L’autopsie confirme le témoignage de Marie-France : les trois victimes sont mortes d’une balle dans le crâne. C’est une véritable exécution, menée par des professionnels. Les gendarmes ne s’en étonnent que peu : à mesure que l’enquête avance, il devient clair que Jean-Claude et Lucienne vivaient très aisément pour leurs revenus. Ils sont aussi les propriétaires d’un bateau, d’un appartement sur le Bassin d’Arcachon, de plusieurs voitures de sport... Un train de vie bien éloigné de leur activité au relais, comme le note Christophe Hondelatte.
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On apprend que les jours de fermeture, le relais reçoit discrètement d’autres visiteurs que des chasseurs. La police enquête donc sur la piste d’un potentiel trafic de faux billets. Depuis quelques mois, on a également relevé la venue de grosses voitures immatriculées à Paris ou à Bordeaux, mais aussi des caravanes. On fouille les véhicules qui sont encore garés près du relais de chasse calciné. A l'intérieur, les policiers tombent sur un stock de revues et films pornos, mais aussi un fusil, celui d’un certain Jean-Jacques Horvath.
Marie-France le connaît : c’est un ami de Jean-Claude qui débarquait souvent à l’improviste au relais avec sa "bande". Marie-France fait comprendre à la police que ce n’est pas pour le gibier que Horvath venait, mais pour les jeunes filles qu’il emmenait avec lui, des prostituées en réalité. Autre élément important : Jean-Jacques Horvath est déjà connu de la Brigade de répression du banditisme, qui le soupçonne d’être un proxénète.
La bande à Horvath
Interrogé par la police, Jean-Jacques Horvath explique que le 14 décembre, il a quitté le relais de Belhade aux alentours de 18h avant d’aller célébrer l’anniversaire de son amie Carmen au Petit Chef, un restaurant bordelais. En parallèle, un indic parle à la police d’un certain Barthélémy, qui se serait vanté d’avoir fait le coup sous l’effet de l’alcool. Il fréquente le Petit Chef lui aussi et il traîne avec un dénommé Ardanny, une armoire à glace déjà connue des services de police pour blessures volontaires et extorsion de fonds. Cinq mois après le meurtre, les policiers interpellent donc les suspects : Horvath, Ardanny, Barthélémy ainsi que Maillet, le beau-fils de ce dernier.
C’est le jeune Maillet qui balance Barthélémy pendant son interrogatoire : "Vous savez, mon beau-père, ce n’est pas trop un type avec qui on discute. Il m’a dit de prendre ma carabine, qu’on allait intimider des gens". Et quand on le rapporte à Barthélémy, il avoue : "Ardanny m’a forcé la main. Des gens haut placés lui ont demandé de faire une descente au relais. Jean-Claude savait des choses, et il était trop bavard… Il aurait pu tout balancer !" Puis dans la voiture, il livre à son tour un complice : un certain Alario, le serveur du restaurant Le Petit Chef. A priori, la police tient les trois tueurs… Mais quel a été le rôle d’Ardanny et d’Horvath dans l’attaque de Belhade ? Et quel est le mobile de ce triple meurtre sauvage ?
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Le juge d’instruction organise une reconstitution du crime, raconte encore Christophe Hondelatte. Et alors qu’ils partagent leur version des évènements, Alario et Maillet se battent pour être tenus responsables de la mort du patron du relais. Barthélémy, lui, n’aurait tué personne, ce que policiers comme magistrats ont du mal à croire. Mais les suspects changent constamment de version. Le scénario final du juge est le suivant : Horvath le maquereau voulait étendre ses affaires au relais de Belhade pour créer une maison de passe au milieu des bois. Il a essayé de convaincre Jean-Claude Bonnefon d’organiser des week-ends coquins sous prétexte de chasse au canard, mais le gérant du relais a refusé net. Horvath lui en a voulu de ne pas s’associer avec lui, et il a demandé à Barthélémy de s’en occuper.
Ce dernier n’a lui-même pas hésité : il planquait des armes, des fourrures et des voitures au relais, il avait peur que Jean-Claude dénonce ses activités illégales. Le procès qui s’ouvre en novembre 1989 concerne donc surtout le rôle tenu par Ardanny et Horvath dans la tuerie de 1985, et les enquêteurs sont loin d’être au bout de leurs surprises…
Pour découvrir la fin du récit et connaître tous les détails de ce dossier judiciaire, écoutez ""Hondelatte Raconte", le podcast qui livre chaque jour des récits de faits divers et de parcours de vie singuliers.
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