C'est un accident sans conséquences qui prend pourtant des proportions sans commune mesure. Le 10 avril dernier, un coup de feu a été tiré à l'Elysée, comme le révélait Le Point en avril dernier. Le Monde publie mardi les détails de cette affaire, qui amènent trois policiers et gendarmes du Groupe de sécurité et de protection de la présidence de la République (GSPR) à confier, dans les colonnes du journal, leurs doutes sur le dispositif entourant François Hollande.
Un coup de feu aux toilettes. Les faits se sont produits en l'absence du chef de l'Etat, alors en déplacement en Ardèche. Un des policiers du GSPR se trouve dans des toilettes situés au rez-de-chaussée du Château. Le fonctionnaire aurait fait tomber son arme de service, un pistolet Glock , et tiré en tentant de rattraper celle-ci. Une balle de 9 mm ricoche avant de venir se loger dans un mur.
Problème : en interne l'affaire aurait été étouffée. "La honte. L'incident a été minimisé et même camouflé", confie un membre du GSPR au journal. D'autant que selon lui, le policier est clairement en faute : il aurait dû laisser tomber son arme au sol. Un fonctionnaire qui serait d'ailleurs connu pour le peu de précisions de ses tirs. L'incident a en tout cas le mérite de délier la parole.
Des failles dénoncées de l'intérieur… Les membres du GSPR qui se sont confiés au Monde dénoncent "des failles" dans le dispositif de sécurité du président de la République. D'abord dans le recrutement des fonctionnaires affectés à la protection du chef d'Etat, avec des profils peu qualifiés en terme de protection rapprochée.
D'autres, dont un fonctionnaire au sérieux penchant pour la boisson et un autre connu pour être fragile psychologiquement, n'auraient jamais passé la visite médicale d'usage. Ensuite dans l'entrainement de ce corps d'élite, dont certains rechigneraient même à s'exercer en stand de tir, "par peur de montrer qu'on est nuls".
… et une légèreté de dispositifs. Enfin, ces fonctionnaires s'étonnent de l'absence de déminage systématique du véhicule présidentiel et de l'emploi de chauffeurs qui ne sont pas formés à la conduite rapide. La faiblesse de certains dispositifs opérationnels semblent enfin leur donner des sueurs froides. Comme lors de ce déplacement au Kurdistan irakien, réalisé avec "le même dispositif que si on était en Australie", où le risque le risque semble moins important.
Ou encore, un certain 7 janvier 2015, devant Charlie Hebdo où le président se rend une heure après l'attentat. Et si les terroristes avaient établi un scénario à l'Irakienne avec un premier attentat suivi d'une réplique ? La réponse d'un membre du GSPR est claire : "on n’a même pas fait passer un chien. Nous avons amené le président dans un espace suicidaire".