Un militant CGT a été interpellé lundi à Mulhouse lors d'une manifestation organisée en marge d'un déplacement de Manuel Valls, Emmanuel Macron et Myriam El Khomri venus défendre le projet de loi sur le travail, a-t-on appris mardi de source judiciaire.
"Outrages" au Premier ministre. Ce militant a été interpellé alors qu'il participait à une manifestation organisée devant une agence Pôle emploi à laquelle avait pris part une centaine de personnes, a indiqué la CGT Métallurgie Alsace dans un communiqué. Joël Moreau, 69 ans, un ancien responsable local de la CGT et ouvrier chez PSA, a passé la nuit en garde à vue et a été libéré mardi matin. Il est poursuivi pour "outrages à personnes dépositaires de l'autorité publique", en l'occurrence des gendarmes mobiles, des CRS et le Premier ministre, selon une source judiciaire. Il comparaîtra vendredi devant un juge du tribunal de Mulhouse dans le cadre d'une audience simple de plaider-coupable, c'est-à-dire sur reconnaissance préalable de culpabilité.
Du "jamais-vu". La CGT alsacienne a appelé à un rassemblement vendredi matin devant le tribunal de Mulhouse "en solidarité" avec le militant syndical qui est ressorti "très choqué" de sa garde à vue, a rapporté M. Ladraa, un responsable de la CGT Métallurgie Alsace. "Il ne s'attendait pas que cela prenne de telles proportions", a ajouté le syndicaliste. "C'est une première. On n'a jamais vu un militant être arrêté alors qu'il n'y avait pas de faits de violences", a poursuivi M. Ladraa, en faisant part de son "incompréhension" dans ce dossier qui vise un syndicaliste expérimenté qui n'a jamais été condamné.
Pas de débordement, selon les syndicalistes. Selon des témoignages rapportés par la CGT Métallurgie Alsace, Joël Moreau aurait "haussé la voix, dénoncé le projet de loi, les attaques contre les acquis sociaux" tout en restant "dans le cadre du discours syndical". "On essaie d'apaiser dans ce climat pas évident de l'état d'urgence. Et on ne comprend pas pourquoi on essaie de nous désigner comme des casseurs et des voyous. Ce n'est pas acceptable", a dit M. Ladraa. Selon le syndicat, le rassemblement de lundi était encadré par un "déploiement policier de très grande envergure", empêchant les participants de s'approcher de l'agence Pôle emploi, "parqués pendant deux heures sur un parking à plusieurs centaines de mètres" du lieu prévu de la manifestation.