Le dernier message qu'il a envoyé provient du sud de la Turquie, à une trentaine de kilomètres seulement de la frontière avec la Syrie. Ce père de famille aurait emmené sa petite fille, profitant de sa garde pendant les vacances scolaires de la Toussaint, avec l'objectif de rejoindre le djihad.
"Il avait des propos extrêmes". C'est tout du moins la conviction et l'angoisse de la mère de la petite Lila, qui a vu son ex-mari, un Franco-Tunisien de 36 ans, se radicaliser ces derniers mois. Lors d'une conférence de presse, Magalie Laurent a raconté, lundi, sa transformation physique et les heures entières passées à la mosquée depuis qu'il a perdu son travail : "Il avait la barbe, mettait la djellaba, ne travaillait pas et passait ses journées à la mosquée. Il avait fait le pèlerinage à La Mecque, avait des propos extrêmes, cautionnant (les attentats de) Charlie Hebdo".
Le djihad, "qu'il aille le faire, mais tout seul". Dans le message qu'il a laissé, le père souhaite à son ex-femme "qu'Allah lui donne la patience de supporter cette épreuve". Et la mère de témoigner au micro d'Europe 1 : "Oui, il cautionnait ce genre de choses. De là à le faire ou qu'il aille le faire… […] Qu'il aille le faire, mais tout seul, qu'il n'embarque pas une petite fille de trois ans et demi!"
C'est pourquoi, Magalie Laurent a décidé d'alerter les autorités avec son avocat Frank Berton, qui en appelle, lui, aux plus hautes instances de l'Etat pour tenter d'intercepter le père. "L'Etat français, c'est à la fois la justice française, mais aussi les plus hautes instances, à savoir le Quai d'Orsay, le Premier ministre, et le président de la République".
"Il faut qu'on la ramène ici, sur le territoire national". "On ne peut pas laisser une petite-fille de trois ans et demi à 30km de la frontière syrienne. Il faut que l'Etat turc puisse immédiatement interpeller cet homme, que les photos de la petite fille soient partout. Il faut qu'on la ramène ici, sur le territoire national", a demandé l'avocat.
Une plainte pour enlèvement d'enfant. Me Berton a précisé que la plainte pour enlèvement d'enfant n'avait pu juridiquement être déposée qu'à partir de lundi, en raison de la fin des vacances scolaires dimanche, soulignant que la brigade criminelle de Nanterre a été saisie. "Mais on a bon espoir que le parquet antiterroriste puisse se saisir" de l'affaire, a-t-il dit.
"Cette petite fille est en danger". Le pire scénario pour la famille de la petite fille serait que le père soit parvenu à franchir la frontière syrienne, d'où l'appel à l'aide lancé par la mère. Magalie Laurent a d'ailleurs a laissé éclater sa détresse au micro d'Europe 1 : "Cette petite fille est en danger. Elle se retrouve dans une situation où elle ne doit rien comprendre. Son père est irresponsable, elle doit me réclamer. Elle doit être dans un tel environnement de violence…"
Et de poursuivre, peinant à masquer ses sanglots : "C'est juste affreux, je ne sais même pas où elle est. Je ne peux pas la laisser tomber, je ne peux pas. […] De traverser tout cela pour se retrouver là-bas, c'est dans ses plans, c'est sûr. Je ne sais même pas s'il aime sa fille pour faire ce genre de choses."