Ceux qui l'ont fréquenté parlent pourtant d'un "grand professionnel". Soupçonné d'avoir giflé une avocate du barreau des Hauts-de-Seine, un commissaire de la direction générale de la sécurité intérieure (DGSI), va être jugé par le tribunal correctionnel de Nanterre. Parfaitement rompu aux gardes à vue et aux dossiers sensibles, ce policier très expérimenté est notamment passé par le 36 quai des Orfèvres lors des attentats de 1995.
Garde à vue tendue. Sauf qu'en avril 2014, au 4e sous-sol des locaux hyper-sécurisés des services de renseignement, à Levallois-Perret dans les Hauts-de-Seine, le policier de 55 ans aurait vu rouge. Il n'aurait pas supporté qu'une avocate lui fasse remarquer que son client n'avait rien à faire en garde à vue dans un dossier de terrorisme. Ce qu'elle compte bien alors écrire noir sur blanc.
"Petite conne". Dans la pièce à côté, des enquêteurs entendent soudain des éclats de voix, une chaise qui tombe et une porte qui claque. Puis, ils voient le commissaire marcher vers le fond du couloir… A peine quelques instants plus tard, l'avocate de 37 ans, visiblement choquée, sort du bureau. Elle raconte aux policiers qu'elle vient d'être traitée de "petite conne". Mais surtout, qu'elle a été giflée. Devant l'ascenseur, elle prend en photo sa joue encore douloureuse.
Atteinte physique, blessure morale. Physiquement, rien de grave, mais le traumatisme est là. C'est pourquoi les médecins lui accordent 20 jours d'ITT. A l'époque, le bâtonnier des Hauts-de-Seine avait d'ailleurs souligné auprès d'Europe 1 : "Il lui est arrivé ce qui peut arriver de pire à un avocat. La situation est extrêmement humiliante et elle a besoin de se reconstruire. C'est une blessure morale très importante".
Une plainte déposée. Dans la foulée des faits présumés, l'avocate porte plainte pour "violences volontaires aggravées" à l'encontre du policier. Une enquête préliminaire est alors ouverte par le parquet de Nanterre et confiée à l'IGPN, la "police des polices". Confronté devant les policiers à la jeune femme, le fonctionnaire n'a jamais reconnu la gifle. Mais pour le juge d'instruction en charge du dossier, cela ne fait pas de doute. Début juillet, le magistrat a donc décidé de renvoyer le commissaire devant le tribunal.