Un réseau de proxénétisme dirigé par des femmes nigérianes a été démantelé dans la région de Montpellier, et une quinzaine de ses membres présumés ont été mis en examen ou étaient en cours de déferrement vendredi, a annoncé le parquet. Au total, 28 prostituées ont été entendues, qui venaient de deux régions du Nigeria, autour de Lagos et de Bénin City. Huit d'entre elles ont accepté de livrer des informations en échange d'une protection et d'une possibilité de régularisation, avec l'appui de l'association l'Amicale du Nid, a précisé le procureur de Montpellier Christophe Barret, lors d'un point presse. Certaines sont en situation irrégulière, d'autres ont fait des demandes d'asile.
Une cérémonie d'envoûtement pour les femmes recrutées. Cinq des personnes interpellées sont des femmes nigérianes de 28 à 35 ans, suspectées d'être des proxénètes, les dix autres, de nationalité française, camerounaise, guinéenne et nigériane, sont des hommes supposés avoir apporté un soutien à l'organisation du réseau. Selon la justice, les jeunes femmes étaient sélectionnées au Nigeria par le réseau puis participaient à une cérémonie d'envoûtement, baptisée "Juju", au cours de laquelle avaient lieu des scarifications et des sacrifices d'animaux.
Obligation de se prostituer tous les jours. Arrivées en France, elles devaient s'acquitter d'une dette de 30.000 à 50.000 euros auprès des têtes de réseau, les "Mama", chargées de s'occuper de quelques prostituées, et les "Madams", qui se situent au dessus dans la hiérarchie du réseau, une organisation typique de la prostitution nigériane. Menacées voire battues, elles avaient l'obligation de se prostituer presque tous les jours. "Pour celles qui ont un passeport, on le leur retire, elles sont complètement sous l'emprise", a précisé le lieutenant-colonel Bertrand Pallot, commandant de la section de recherche de la gendarmerie de Montpellier.
Une centaine de forces de l'ordre mobilisée. "Au moins 2 personnes dans ce dossier sont mises en cause pour être intervenues pour acheminer les personnes en particulier par l'Italie, et avant via la Libye", a complété le procureur. L'enquête a été menée par la section de recherches de la gendarmerie de Montpellier, qui a mobilisé au total une centaine d'hommes pour les interpellations. Le démantèlement a eu lieu dans le cadre d'une information judiciaire ouverte pour proxénétisme en bande organisée, traite des êtes humains, association de malfaiteurs et blanchiment d'argent. Les investigations avaient débuté il y a plus d'un an, dès avril 2015.