«Un traumatisme local» : 40 ans après la mort du petit Grégory, Lépanges-sur-Vologne veut tourner la page

  • Copié
Mélina Facchin (correspondante à Strasbourg) , modifié à

40 ans jour pour jour que le petit Grégory était retrouvé mort noyé dans la Vologne, une rivière des Vosges. Aujourd’hui encore, le mystère reste entier. À Lépanges-sur-Vologne, commune où vivait l’enfant de quatre ans, les habitants restent profondément marqués et aimeraient enfin tourner la page.

Le 16 octobre 1984, Grégory Villemin  était retrouvé mort noyé, pieds et poings liés, dans la Vologne, une rivière des Vosges. Un fait divers qui a défrayé la chronique. 40 ans après, on ne sait toujours pas qui a tué le petit garçon de quatre ans. L’instruction se poursuit : des traces ADN  sont à nouveau analysées ainsi que des enregistrements vocaux du "corbeau". L’affaire a marqué à tout jamais la commune de Lépanges-sur-Vologne. Les habitants aimeraient un jour connaître la vérité, mais surtout, ils voudraient enfin pouvoir tourner la page.

"Ça fait quarante que ça dure"

Dans le bistrot au cœur du village de Lépanges-sur-Vologne dans les Vosges, il arrive encore parfois que l’on prononce le nom de Grégory. Cécile et son époux André Claudel, maire de la commune au moment du meurtre du petit garçon de 4 ans en 1984, vivent l’affaire depuis le tout premier jour.

"On peut dire que ça nous a collé à la peau. On a vécu avec cette affaire durant des années", résume Cécile, âgée aujourd’hui de 85 ans. "Ça fait quarante que ça dure et quarante ans que les habitants ont en marre", ajoute plus fermement André Claudel.

"C’est sûr qu’on aimerait savoir"

À chaque nouveau rebondissement dans l’affaire, chaque nouvelle mise en examen ou analyse scientifique pour tenter de retrouver le meurtrier de Grégory Villemin, les Lépangeois restent à l’affût.

Et beaucoup, comme Danielle, 80 ans, espèrent encore un jour connaitre la vérité. "C’est sûr qu’on aimerait savoir", confirme-t-elle. "Mais je ne sais pas si on tournerait la page", ajoute-t-elle dans un soupir. "Pour moi, c’est trop ancré dans notre histoire, ça restera là".

Redorer l’image de Lépanges-sur-Vologne

Cédric Prévot, lui, n’était pas né en 1984. Mais il a grandi malgré lui dans l’ambiance pesante de ce village à jamais marqué par l’affaire Grégory. Et comme Danielle, il estime que même si la vérité éclate un jour, "on n’effacera jamais tous les articles mal écrits et la mauvaise littérature qui ont dénigré Lépanges-sur-Vologne et ses habitants", soupire-t-il.

Alors aujourd’hui, il se bat pour redorer l’image de cette commune qu’il aime tant. L’été dernier, après un énième article de presse qu’il a jugé dénigrant, il décide de lancer une pétition et de créer un collectif d’habitants  : "Stop Lépanges Bashing."

"Nous avons un devoir de réhabilitation de l’image de notre village".

"Il ne s’agit pas et il ne s’agira jamais pour nous d’oublier l’affaire Grégory", assure Cédric Prévot. "Nous avons beaucoup de compassion pour la famille Villemin, nous respectons son immense douleur et nous n’avons rien contre cette affaire. C’est un traumatisme local très fort"", insiste-t-il. "En revanche, je dis que c’est un chapitre de notre livre d’Histoire et que nous avons le droit de parler de notre village sans en avoir honte. Nous avons un devoir de réhabilitation de l’image de notre village", ajoute Cédric Prévot.

Aujourd’hui, "il fait bon vivre" à Lépanges

Lépanges-sur-Vologne, 850 habitants, est une commune "où il fait bon vivre", assure et martèle Cédric Prévot. "Nous avons 17 associations, une trentaine d’entreprises. Juste à côté de ce bistrot, le lieu social du village, il y a une boucherie. En face : deux coiffeurs, un buraliste, une boulangerie", énumère-t-il, intarissable sur sa commune qui possède "tous les avantages du milieu rural sans ses inconvénients". Un village "plein d’avenir" et prêt, pourquoi pas, à accueillir "de nouveaux habitants", espère-t-il avec le sourire.