Voies SNCF coupées, voitures en feu, saccages : des dizaines de gens du voyage se sont soulevés mardi soir à Moirans, dans l'Isère, pour demander la sortie de prison de deux d'entre eux, afin que ces derniers puissent assister aux obsèques de l'un des leurs, mort dans l'accident d'une voiture volée. Dans le même temps, une mutinerie a éclaté au centre de détention d'Aiton, en Savoie, où l'un des frères du défunt est incarcéré. A 20 heures, la situation était "sous contrôle" à Moirans, a indiqué la préfecture.
L'ESSENTIEL :
• De violents incidents ont éclaté mardi à Moirans
• Une mutinerie a eu lieu dans une prison de Savoie
> A l'origine: la mort de trois jeunes dans l'accident d'une voiture volée
> La raison : le frère d'une des victimes, détenu, n'a pas le droit d'assister aux obsèques
• Manuel Valls prône "la fermeté et le rétablissement de l'ordre"
• Bernard Cazeneuve entend identifier tous les auteurs
Les faits. Une trentaine de personnes ont incendié des voitures et des palettes mardi après-midi dans cette commune près de Grenoble, sur la RD 1085, qui a été coupée à la circulation dans les deux sens.
MOIRANS | Des voitures incendiées par des gens du voyage qui bloquent la RD 1085.
► https://t.co/fVtQVcaeO8pic.twitter.com/uvkxsfauCC— France Bleu Isère (@bleu_isere) 20 Octobre 2015Mairie évacuée, trafic SNCF interrompu. La mairie a été évacuée et des déviations ont été mises en place. Le trafic SNCF a lui aussi été interrompu dans le secteur. "Tout est mis en oeuvre pour assurer la sécurité des biens et des personnes", assurait la préfecture.
Trafic très perturbé sur l'axe Lyon-Grenoble.... Actes de malveillance, dégradations voitures en feu à Moirans #SNCFpic.twitter.com/SDGfWMfFbN
— Voie Libre SNCF (@conducteur_PSE) 20 Octobre 2015
Trois jeunes se tuent dans l'accident d'une voiture volée. Pour comprendre cet événement, il faut remonter au week-end dernier, dans la nuit de vendredi à samedi. Cette nuit-là, une voiture sort de la route et vient percuter un arbre de plein fouet. Trois des occupants du véhicule sont tués, un quatrième survit. Sauf que cette voiture était volée et certains des passagers se trouvaient cagoulés et gantés. D'autre part, du matériel pouvant servir à des cambriolages a été retrouvé dans la voiture.
Ils réclament la libération de deux détenus. Les manifestants sont membres de la communauté des gens du voyage. Ils réclament la libération de deux individus, actuellement détenus, afin que ces derniers puissent assister aux obsèques d'un de leurs proches, victime de l'accident. Cette cérémonie se tient mercredi. Un de ces détenus est le frère de la victime.
Une mutinerie maîtrisée dans la prison du frère. Dans le même temps, une mutinerie a éclaté à la prison d'Aiton, en Savoie, où l'un des frères de la victime de l'accident est incarcéré. Selon le Dauphiné Libéré, ce dernier s'est vu refuser une permission de sortie mardi dans le but de se rendre aux obsèques de ce dernier. Selon le quotidien régional, les détenus ont refusé de regagner leurs cellules à l'issue de la promenade. Ils ont bloqué des serrures et mis le feu "à tout ce qu’ils ont trouvé : journaux, chaises, tables, matelas". La situation au sein de l'établissement carcéral est finalement rentrée dans l'ordre après 19 heures, selon l'administration pénitentiaire (AP). "Tous les détenus sont maintenant rentrés dans leurs cellules. Il n'y a eu aucun blessé", a précisé l'AP.
Une cantine incendiée, les pompiers menacés. "La tension est assez forte. Il y a des points d'incendie sur plusieurs points cruciaux tels que la départementale, les voies ferrées de rabattement et sur la route de la gare", expliquait mardi, au micro d'Europe 1, l'adjoint au maire de Moirans délégué à la sécurité. Sur place, tous les bâtiments publics ont été évacués et le personnel renvoyé chez lui. "On est chez nous, et en cellule de crise", explique-t-il en décrivant un état de siège.
Une cantine scolaire aurait été incendiée et les pompiers menacés. Un hélicoptère de la gendarmerie survolait également la zone. Cinq pelotons de gendarmes mobiles, soit 80 militaires, étaient déployés sur place en fin d'après-midi.
A Moirans, la situation "sous contrôle". La préfecture a finalement indiqué que la situation était "sous contrôle" à 20 heures dans Moirans. "Il n'y a pas de blessés, les incendies ont été éteints par les sapeurs pompiers, la circulation sur la RD 1085 est en cours de rétablissement et la SNCF prend en charge l'évacuation des 218 passagers qui se trouvent dans les deux rames de trains à proximité de la gare de Moirans", a indiqué la préfecture dans un communiqué. 120 gendarmes et policiers étaient déployés sur place dans la soirée et des interpellations étaient à prévoir. 100 sapeurs-pompiers s'employaient quant à eux sur la commune.
Cazeneuve veut identifier tous les auteurs. Dans un communiqué publié dans la soirée de mardi, Bernard Cazeneuve a félicité "les gendarmes, les policiers et les sapeurs-pompiers de l’Isère". Le ministre de l'Intérieur a salué leur "action déterminée" qui a permis de "rétablir l’ordre républicain" et "mettre fin aux exactions inadmissibles commises (...) à Moirans. Le ministre ajoute également qu'il "condamne" ces violences "avec la plus grande fermeté", ajoutant que "tous les individus impliqués, dont l’enquête devra établir l’identité, devront rendre compte de leurs actes devant la justice". Enfin Bernard Cazeneuve apporte "son soutien" au maire de Moirans et aux personnels municipaux "pour leur sang-froid et leur engagement".
Valls dénonce des violences inadmissibles. Le Premier ministre Manuel Valls a dénoncé mardi soir sur Twitter ce qu'il qualifie de "violences inadmissibles" et appelé à la "fermeté".
Face aux violences inadmissibles commises à #Moirans, une seule réponse : la fermeté et le rétablissement de l'ordre républicain. MV
— Manuel Valls (@manuelvalls) 20 Octobre 2015
Un précédent fin août, dans la Somme. Ces incidents interviennent quelques mois après le blocage par des gens du voyage, fin août, de la circulation sur l'autoroute A1 au péage de Royre, dans la Somme. Les protestataires demandaient que le fils d'une victime d'une fusillade, incarcéré, puisse assister aux funérailles de son père.