Jamais le marché du logement neuf n'avait connu un tel recul. Chantiers annulés, ventes en chute libre, entreprises au bord du gouffre... C'est un véritable SOS que lancent aujourd'hui les professionnels du logement neuf, comme Pascal Boulanger, président de la Fédération des promoteurs immobiliers, invité d'Europe 1 ce mardi au micro de Lionel Gougelot.
La Fédération des promoteurs immobiliers a présenté ce mardi matin les chiffres du premier trimestre 2024. Et c'est une "catastrophe" selon Pascal Boulanger, président de la FPI. "J'emploie ce mot déjà depuis un an", se désole-t-il. "L'année dernière, je croyais qu'on avait touché le fond. Et là, on a des chiffres qui sont encore bien plus mauvais que ce que je présentais l'année dernière à la même période", confie-t-il au micro d'Europe 1 Bonjour.
Que ce soient les mises en vente, les autorisations de construire ou les réservations de logements neufs , "on est à moins de la moitié d'une année normale", explique Pascal Boulanger. "Une année normale, nous sommes heureux lorsque nous réalisons 160.000 logements, c'est une vitesse de croisière classique. L'année dernière, on est tombé à 90.000 et cette année, sur le premier trimestre, on est à 19.000". Le président de la FPI estime que d'ici la fin de l'année, les chiffres continueront sur cette lancée peu élevée et devraient avoisiner les 80.000.
"On attend une réaction rapide du gouvernement"
"Le vrai problème, poursuit-il, c'est que nous faisons beaucoup de ventes en bloc, c'est-à-dire des ventes aux bailleurs sociaux et nous réalisons des marges nulles, voire négatives sur ces ventes-là. On dit stop aux bailleurs sociaux." La FPI est passée de 25% de vente aux bailleurs sociaux à 40% et réalise donc deux fois moins de réservations en général et deux fois plus à perte, selon son président.
Pour Pascal Boulanger, cette conjoncture est multifactorielle. Pour obtenir une première explication, il faut remonter aux dernières élections municipales. "Les maires étaient très réticents à signer des permis de construire depuis ces dernières élections", explique-t-il. "Aujourd'hui, nous n'avons plus d'offres. J'ai presque envie de vous dire, pour être un peu cynique, que c'est une bonne nouvelle puisqu'on n'a plus de demande du tout", ironise-t-il. Même en ayant "deux fois moins d'offres" que d'habitude, le secteur du neuf met deux fois plus de temps à vendre.
La hausse des taux d'intérêt est aussi en cause, et a provoqué une "crise totale de la demande", selon Pascal Boulanger. Il ajoute que le marché du logement neuf souffre de la "crise des matières premières" et lance un véritable appel à l'aide : "On attend vraiment une réaction rapide du gouvernement et on ne nous répond rien". Si le gouvernement parle aujourd'hui de "choc de l'offre, il se trompe de combat pour Pascal Boulanger. "On a besoin d'un choc de la demande", assène-t-il, estimant qu'il faudrait pour cela faciliter et diversifier l'accès aux prêts immobiliers .