À deux semaines du premier tour des élections législatives, les TPE du bâtiment s'inquiètent d'être les grandes oubliées de la future majorité. Pour Europe 1, Jean-Christophe Repon, président de la Confédération de l'Artisanat et des Petites Entreprises du Bâtiment, avance ses propositions.
C’est un manifeste pour que les TPE ne soient pas les grandes oubliées de la future majorité . Alors que les organisations patronales dont la CAPEB qui représente 620.000 artisans du bâtiment réfléchissent à auditionner les têtes de listes à ces législatives dès la semaine prochaine, Jean-Christophe Repon, le président de la Confédération de l'Artisanat et des Petites Entreprises du Bâtiment met en garde contre les fausses bonnes idées et avance ses propositions.
Ces législatives anticipées décidées par Emmanuel Macron sont-elles source d’inquiétude de la part des artisans ?
Pour nous, c’est un cataclysme. Nous venions à peine d’obtenir du gouvernement la relance de Ma prime Rénov' version simplifiée pour relancer l’activité de la rénovation énergétique après une chute de 80% des chantiers. Après cette décision et les incertitudes qui en résultent, de nombreux particuliers vont mettre en stand-by leurs projets de travaux. Pour les artisans, je vous l’annonce, 2024 sera une année de récession.
Vous demandez une simplification de la vie des TPE du bâtiment, c’est-à-dire ?
C’était le projet de loi qui devait être discuté au Parlement début juin. Nous demandons à la majorité qui sortira des urnes de nous écouter pour qu’il y ait moins de paperasse, que l’on stoppe l’empilement de règles, que l’accès au prêt garanti par l’état (PGE) soit simplifié. L’artisan consacre 40% de son temps à des tâches administratives, ce n’est plus possible.
Vous demandez une baisse de la TVA ?
Oui, il faut que tous les travaux de rénovation passent à 5,5% pour booster le secteur, inciter les particuliers à améliorer leur habitat dans le cadre de la politique de décarbonation des bâtiments. Aujourd’hui, seuls certains travaux bénéficient de ce taux de TVA à 5,5% sous certaines conditions. Si non, c’est 10%, il faut tout mettre au même niveau. Jusqu’à présent Bercy s’opposait à cette idée en arguant que cela entrainerait un manque à gagner trop important pour l’État mais en réalité, moins de TVA, c’est plus de travaux et donc plus de rentrée fiscale.
Vous dénoncez la concurrence déloyale, c’est-à-dire ?
C’est souvent de la main d’œuvre illégale intra européenne. Des systèmes mafieux articulés autour d’entreprises d’intérim qui mettent à disposition des salariés de l’Est de l’Europe à prix défiant toute concurrence. Le contrôle du paiement des charges sociales dans les pays d’origine sont rarement effectués, donc il est très difficile pour nous de lutter que ce soit au niveau prix de la main d’œuvre ou des chantiers. Tout cela à un moment où nos parts de marché se réduisent comme peau de chagrin.
Le RN propose de geler les cotisations en échange de l’augmentation des salaires de 10%, vous répondez quoi ?
Impossible. D’abord, parce que nos grilles de salaires dans l’artisanat se négocient territoire par territoire avec les partenaires sociaux. Et puis, nous réindexons les rémunérations de nos collaborateurs régulièrement. Enfin, aujourd’hui avec le manque de main d’œuvre, les entreprises mettent la main à la poche pour attirer les talents. Un jeune électricien peut être payé 2.500 euros bruts par exemple. Nous sommes largement au-dessus du smic.