Le conservateur des Monuments historiques du Nord a dû bondir très haut en apprenant jeudi qu’un agriculteur belge, à la recherche de terre, avait détruit une motte féodale, classé Monument historique.
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À la pelleteuse. L’agriculteur belge ne voulait pas faire le mal. Ayant besoin de terre pour reboucher des trous dans sa pâture, il est allé se servir sur la commune française de Steenvoorde dans le département du Nord. Mais ce qu’il croyait être une vulgaire butte de terre était en fait une motte féodale classée depuis 1979. Pour ce geste, il risque une amende de plus de 3.000 euros.
Une ancienne basse-cour. La motte, un ancien établissement humain, est entourée d'une petite enceinte et des archéologues y ont reconnu les traces d'une ancienne basse-cour. Il en existe "une bonne vingtaine" dans le Nord-Pas-de-Calais, selon Jacques Philippon, conservateur régional des Monuments historiques . Il a expliqué à La Voix du Nord que le fait n’était pas rarissime : "Deux ou trois fois par an, on dresse des procès-verbaux mais pour des faits plus mineurs. Là, c’est une destruction, c’est une atteinte grave". La motte est en effet bien rabotée : "2.000 mètres carrés ont disparu", a expliqué à Europe 1 Jean-Pierre Bataille, maire de Steenvoorde, commune qui compte trois autres Monuments historiques.
À qui la faute ? L’agriculteur belge se défend. Aucun panneau sur le lieu du drame n’indique la présence de la motte féodale plaide-t-il. Selon Jacques Philippon, il faut déterminer qui est le responsable : "Quand un lieu est inscrit, cela figure sur les actes notariés. Le propriétaire est forcément au courant et doit le dire". Autrement dit, si l’agriculteur a fauté, le propriétaire du terrain pourrait être aussi impliqué.
La Direction régionale des affaires culturelles va déposer un procès-verbal à la gendarmerie selon La Voix du Nord. L’amende encourue peut aller jusqu’à 3.750 euros. La loi prévoit aussi, dans un tel cas, la remise en l’état du site. Mais "le mal est fait et ne sera pas réparable", reconnaît le maire de la commune.
Gros potentiel archéologique. Les mottes féodales ont, a priori, un gros potentiel archéologique. Lorsqu’un site est inscrit Monument historique, il faut une autorisation pour faire des travaux dans un périmètre de 500 mètres.
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