Agés de 41 ans, deux Autochtones, amis de longue date de la province du Manitoba, dans le centre du Canada, ont appris à l'issue de tests ADN avoir été échangés à la naissance dans un hôpital déjà au centre d'une affaire similaire.
"Bouleversé, confus et en colère". "Je veux des réponses, je veux des réponses", a répété en pleurs David Tait Jr., l'une des deux victimes de cette erreur, se disant "bouleversé, confus et en colère", lors d'une conférence de presse. Leon Swanson et David Tait Jr. sont nés à trois jours d'intervalle, le 31 janvier 1975 et le 3 février 1975, à l'hôpital géré par le gouvernement canadien de Norway House, un village de 5.000 habitants situé à plus de 450 km au nord de Winnipeg. Les tests génétiques ont confirmé que David Tait Jr. était l'enfant biologique de Charlotte Mason, la femme qui a élevé Leon Swanson. Ce dernier attend encore le résultat de son test, mais les familles se disent sûres qu'il confirmera l'échange.
Comprendre. "C'est fondamental de comprendre comment cela a pu se passer", a déclaré la ministre fédérale de la Santé, Jane Philpott, lors d'un point presse. Le ministère de la Santé a promis de lancer une enquête indépendante et offre des tests ADN aux personnes nées dans l'hôpital de Norway House au milieu des années 70. "La première fois aurait pu être considérée comme une erreur, mais ce second cas doit être considéré comme un acte criminel", a estimé l'ancien ministre des Affaires autochtones du Manitoba, Eric Robinson, né lui aussi dans cet hôpital.
Un précédent dans cette communauté. Le cas de Leon Swanson et David Tait Jr. n'est pas le premier dans cette communauté des Cris. En novembre, Luke Monias et Norman Barkman, nés le 19 juin 1975 dans le même établissement, ont reçu les résultats de tests ADN attestant que Rebecca Barkman était la mère biologique de Luke. La mère biologique de Norman Rosamund Monias est pour sa part décédée sans avoir été informée de l'échange des bébés. Les Autochtones ne représentent que 4,3% de la population canadienne, soit 1,4 million de personnes, mais sont en proportion plus nombreux à être victimes d'homicides ou agressions, ainsi que d'inégalités économiques et sociales.