Des mugs estampillés "porcelaine de Limoges", destinés à la boutique-souvenirs de l'Elysée, étaient du faux Limoges fabriqué ailleurs et décorés à Toulouse, a-t-on appris samedi auprès de l'Union des fabricants de porcelaine de Limoges. Prévenu avant de les avoir envoyés au Palais présidentiel, "Mug in France", le fournisseur basé en Dordogne, les a immédiatement remplacés. Les mugs fautifs, ne respectant pas la nouvelle Indication géographique (IG), n'ont donc pas été mis en vente ce week-end dans la cour de l'Elysée ni dans la boutique en ligne du palais.
"Aucun porcelainier ne fabrique de mugs". Alain Mouly, président de l'Union des fabricants de porcelaine de Limoges et président de l'organisme de défense et de gestion pour l'indication géographique protégée, a été alerté fin août par des porcelainiers. "Lors d'une réunion où les fabricants étaient réunis, j'ai demandé dans l'assistance qui fabriquait de tels produits. Tout le monde a ri. Il y a bien longtemps qu'aucun porcelainier ne fabrique plus de mugs. Le produit revient trop cher, ne se vend pas et ça ne correspond pas au créneau de la porcelaine de Limoges. La plupart des mugs sont aujourd'hui fabriqués en Asie", a raconté Alain Mouly à l'AFP.
L'histoire est croquignolesque. L'Etat délivre des labels de protection et n'exerce lui-même aucun contrôle sur les fournitures qu'il achète.
Une histoire croquignolesque. Alain Mouly alerte alors Jean-Charles Granchamp, le créateur de Mug in France. Car la porcelaine bénéficie depuis le 1er décembre 2017 d'une Indication géographique protégée. "Je lui ai expliqué que pour pouvoir apposer 'porcelaine de Limoges' sur le produit, il fallait qu'il soit entièrement fabriqué et décoré à Limoges ou en Haute-Vienne." Or les mugs ne sont pas fabriqués en Haute-Vienne et sont décorés dans les environs de Toulouse. "L'histoire est croquignolesque. L'Etat délivre des labels de protection et n'exerce lui-même aucun contrôle sur les fournitures qu'il achète. C'est un peu léger", a souligné Alain Mouly.
"Nous n'étions pas au courant". Mug in France a immédiatement retiré ses produits. "Nous n'étions pas au courant pour l'IGP. Dès qu'on a appris la nouvelle, nous avons détruit les mugs concernés. Aucun n'avait été envoyé à l'Elysée et nous avons effectué les modifications", a expliqué à l'AFP Jean-Charles Granchamp, 31 ans. "Nous sommes très attachés au made in France. On comprend que les porcelainiers soient attachés au made in Limoges. Nous avons finalement envoyé 300 mugs estampillés porcelaine française à l'Elysée", a-t-il ajouté, sans vouloir dire où exactement en France étaient fabriqués ses mugs.
L'Elysée met fin à la collaboration avec "Mug in France". La présidence française propose à la vente à partir de ce week-end une cinquantaine de produits dérivés, notamment ces mugs avec le portrait du président, pour financer la rénovation du palais. Dans un communiqué, la présidence a annoncé que l'Élysée ne se fournirait plus auprès de "Mug in France".