Le journaliste David Castello-Lopes, dans l'émission Historiquement vôtre sur Europe 1, revient tous les jours sur les origines d'un objet ou d'un concept. Ce lundi après-midi, il s'intéresse au phénomène de l'horoscope. Extrêmement consultées, aussi attendues par ses fidèles que moquées par ses détracteurs, ces prévisions basées sur l'astrologie intriguent et remontent, pour sa forme courante, aux années 1930.
"Vous avez sans doute assisté à ces scènes, généralement en vacances, où on achète un magazine et quelqu’un se rue dessus pour aller directement à la page de l’horoscope. Et déclarer, juste après l’avoir lu, 'c’est fou comment c’est vrai ce qui est marqué, non mais je dis pas que j'y crois mais quand même c’est troublant'.
Comme d’habitude, il faut se demander ce qui est à l'origine de ces horoscopes. Cela vient de l’astrologie, c’est-à-dire l'activité qui consiste à étudier les rapports entre la position des astres au moment de notre naissance et des traits de notre personnalité. En gros, cette activité a 4.000 ans. Les horoscopes de journaux sont en revanche infiniment plus récents et datent des années 1930. Avant cette époque, il était occasionnel que l'on publie les thèmes astraux de personnalités.
Le tournant du crash d'un dirigeable
On considère que l'astrologue anglais Richard Naylor est à l'origine de l'horoscope moderne. Le 24 août 1930, il a publié dans le Sunday Express le thème astral de la sœur cadette de la reine d’Angleterre, la princesse Margaret. Il lui prédisait alors une vie mouvementée, ce qui est arrivé.
Comme d'habitude, l’astrologue Richard Naylor ne s'est pas non plus beaucoup mouillé. 'Mouvementé', ce n'est pas très précis et cela arrive souvent aux princesses. Les gens ont pourtant adoré et le journal a demandé à Richard Naylor de continuer à faire des prédictions. Quelques semaines plus tard, il s'est montré plus précis en disant qu'entre 'le 8 et le 15 octobre prochain, un aéronef anglais serait en danger'. Effectivement, un dirigeable britannique s'est crashé près de Paris. Certes, l'accident a eu lieu le 5 octobre mais sa réputation était faite.
À partir de là, Richard Naylor a eu le droit à un article par semaine, baptisé 'What The Stars Foretell', 'Ce que les étoiles prédisent' en français, dans lequel il disait ce qui allait arriver aux gens dont l’anniversaire tombait cette semaine-là. Cela ne concernait pourtant qu'une petite partie des gens.
28.000 lettres par semaine
Quelques années plus tard, Richard Naylor (ou son rédacteur en chef) a eu une idée : se concentrer sur les signes du zodiaques qui, selon les astrologues, permettent de faire des généralité sur des périodes d’un mois et non pas d’une seule journée. À partir de là, ça a été imité dans tous les sens.
Richard Naylor est devenue une star en Angleterre et recevait jusqu'à 28.000 lettres par semaine. Dans cette histoire, le plus drôle est que cette version de l’astrologie dans les journaux est non seulement méprisée par les sceptiques mais aussi par les astrologues plus sérieux, qui considèrent que c’est une insulte à leur art."