L'heure de vérité approche en Espagne. L'ultimatum de Madrid aux dirigeants catalans prend fin à 10 heures jeudi. Et sauf improbable retournement de situation, Carles Puigdemont ne fera pas marche arrière.
Carles Puigdemont, flou mais obstiné. Le président du parlement catalan a prévu d'envoyer le même courrier au texte ambigu dans lequel il appelle au dialogue, et réclame la fin de la "répression" contre le peuple catalan. Mais il ne répondra pas à la question de Mariano Rajoy, le Premier ministre espagnol, qui lui exige de dire si, oui ou non, il a déclaré l'indépendance.
Mercredi soir, le gouvernement espagnol a offert une dernière porte de sortie au leader séparatiste en lui proposant de convoquer des élections régionales, ce qui éviterait la suspension de l'autonomie de la Catalogne. Mais Puidgemont ne l'envisage pas. Son camp l’interpréterait comme une capitulation.
Une issue quasi-inévitable. L'article 155 de la Constitution qui prévoit la mise sous tutelle d'une région n'a jamais été appliqué depuis le retour de la démocratie il y a 40 ans. Le conservateur et prudent Mariano Rajoy avance à reculons vers ce terrain inconnu et dangereux. Jusque-là, le gouvernement avait laissé entendre que l'option de la suspension d'autonomie n'était pas la seule sur la table, envisageant d'autres scénarios, notamment parce que la mise en oeuvre de l'article 155 est complexe. Mais à Madrid, on estime que le leader catalan ne leur laisse plus le choix. Les événements pourraient donc s'accélérer. Puigdemont a menacé mercredi soir de rendre effective la déclaration d'indépendance si Madrid suspend l'autonomie. C'est donc une nouvelle phase du conflit, plus virulente, qui va commencer jeudi.
Que pourrait changer la suspension de l'autonomie ? L'exemple de l'éducation
Comme tous les fonctionnaires de la région, les enseignants catalans devront certainement se plier dans quelques jours aux directives de Madrid. En cas de suspension de l'autonomie de la Catalogne, l'éducation, l'une des compétences les plus importantes de la région, sera administrée par l'Etat central. Cette prise de contrôle aura du mal à passer, surtout si le système d'immersion linguistique catalan est remis en cause. "Ils vont sans doute vouloir changer la langue d'enseignement. Les professeurs vont s'y opposer, on va se mobiliser", promet un syndicaliste au micro d'Europe 1.
Chez les fonctionnaires, les avis son partagés mais, tous, indépendantistes ou non, se disent inquiets. Certains estiment qu'il faudra respecter la nouvelle hiérarchie, d'autres n'écartent pas la désobéissance. La grève est elle aussi envisagée.