Le Congrès américain a rejeté mercredi un veto de Barack Obama sur une loi autorisant les proches de victimes du 11-Septembreà poursuivre l'Arabie saoudite, infligeant un cinglant camouflet au président qui s'était opposé au texte en invoquant la sécurité nationale.
Un risque de revers de bâton pour les Etats-Unis. C'est la première fois en huit années au pouvoir que Barack Obama voit son veto - il en a fait usage à 12 reprises - repoussé par les parlementaires qui doivent pour cela rassembler deux tiers des votes. "C'est une erreur", a réagi Barack Obama, dénonçant sur CNN un "vote politique" de parlementaires qui jouent pour beaucoup leur réélection le 8 novembre. Barack Obama juge que ce texte affaiblirait le principe d'immunité qui protège les Etats (et leurs diplomates) de poursuites judiciaires et risquerait, par un effet boomerang, d'exposer les Etats-Unis à des poursuites devant divers tribunaux à travers le monde. Ce texte "ne protégera pas les Américains d'attaques terroristes et n'améliorera pas non plus l'efficacité de notre réponse en cas de telles attaques", avait-il mis en garde dans une lettre adressée aux chefs démocrate et républicain du Sénat. En vain.
Une "nécessité" pour les proches des victimes. Quinze des 19 auteurs des attentats ayant fait près de 3.000 morts étaient des ressortissants saoudiens. La responsabilité de l'Arabie saoudite, alliée des Etats-Unis, n'a cependant jamais été démontrée. Mais les défenseurs du "Justice Against Sponsors of Terrorism Act" ont insisté sur la nécessité pour les proches de victimes de pouvoir réclamer justice. Ils estiment que la position de l'administration Obama est avant tout liée à la crainte de provoquer la colère de Ryad.
Le véto d'Obama, une "insulte". L'ancien maire de New York et farouche défenseur de Donald Trump, Rudy Giuliani, a lui qualifié le veto de Barack Obama "d'insulte" envers les familles des victimes. Il a aussi dénoncé l'absence "honteuse" du colistier d'Hillary Clinton, le sénateur Tim Kaine, lors du vote alors que l'adversaire de Trump dans la course à la Maison Blanche avait précédemment fait savoir par son équipe qu'elle aurait signé la loi.
Une décision qui passe mal dans les pays du Golfe. Le texte a d'ores et déjà provoqué une levée de boucliers dans les monarchies du Golfe qui entretiennent des relations tendues avec l'administration Obama à qui elles reprochent, entre autres, d'avoir réintégré l'Iran, grand rival chiite, dans le jeu diplomatique. Devant les craintes pour la sécurité des Etats-Unis, un groupe de 28 sénateurs, démocrates et républicains, a écrit aux auteurs de la proposition de loi pour exprimer leur souhait "de travailler ensemble d'une manière constructive pour atténuer de façon appropriée les conséquences fortuites" de la loi.