Il y a tout juste 20 ans, l'horreur frappait les Etats-Unis et venait bouleverser le début du XXIe siècle. Le matin du 11 septembre 2001, les attentats visant les deux tours du World Trade Center et le Pentagone faisaient plus de 2.900 morts. Menées par l'organisation djihadiste Al-Qaïda dirigée par Oussama Ben Laden, ces attaques avaient entraîné la guerre en Afghanistan, menée en représailles par les Etats-Unis. Mais contrairement aux idées reçues, l'idée de ces attaques n'était pas partagée par tout le monde au sein de l'organisation terroriste, rappelle Bernard Rougier, sociologue et directeur du Centre des études arabes et orientales, invité samedi d'Europe 1. Au contraire, Ben Laden est volontairement passé outre l'avis de certains de ces proches, quitte à sacrifier les intérêts des talibans, qui l'hébergeaient alors.
"Paradoxalement, quand cette opération s'est décidée et quand elle a été évoquée dans le conseil consultatif d'Al-Qaïda, au moins la moitié des membres y sont opposés", indique le chercheur. La raison ? "Ils considèrent que Ben Laden a fait allégeance au mollah Omar (le chef des talibans), et que seul le mollah peut prendre des décisions engagent la communauté des croyants." Pour ces membres réfractaires, "une décision pareille doit être soumise à l'approbation préalable des talibans", qui dirigent alors l'Afghanistan depuis 1996.
Il voulait attirer les Etats-Unis en Afghanistan
Mais s'il reconnaît cette allégeance, Ben Laden veut s'en affranchir. "Il dit alors que le djihad est une valeur bien supérieure à tout type d'engagement et de contrat et donc 'nous devons continuer la lutte, c'est une priorité'", raconte Bernard Rougier. Une détermination d'autant plus forte que le leader d'Al-Qaïda a pour but "d'attirer les Etats-Unis sur le plan militaire en Afghanistan pour gagner une seconde guerre après celle contre les soviétiques", précise encore l'invité d'Europe 1.
Bien sûr, Oussama Ben Laden est alors conscient qu'une telle opération et les éventuelles représailles américaines qui s'en suivraient iraient directement contre les intérêts de ses hôtes. "Il est conscient qu'il y aura une destruction de l'émirat des talibans", assure Bernard Rougier, "mais il considère que c'est un moindre mal par rapport à l'avantage du djihad contre les Américains, et à une perspective d'une victoire lorsque les Américains feront une opération au sol pour se venger du 11 septembre".