Triste anniversaire en Syrie, où une partie de la population a commencé à se révolter contre le régime de Bachar el-Assad il y a tout juste un an. Un an de manifestations et de répression plus tard, le pays est proche de la guerre civile et le Conseil national de l'opposition syrienne dénombre déjà 7.800 victimes. Emad fait partie de ces Syriens qui se sont rebellés. Et qui l'ont payé cher.
Militant d'une ONG syrienne, il a filmé dès le début les manifestations puis a posté ses vidéos sur Internet, ce qui lui a valu de se faire arrêter et d'être détenu pendant 20 jours. Obligé de fuir son pays, il raconte son périple à Europe 1.
"C’était très dur de voir mon père frappé"
Emad militait pour la coordination des comités de Syrie, une fédération d'organisations du pays et notamment des petites villes syriennes. Mais cette fédération a organisé des manifestations pacifiques contre le gouvernement, ce qui a valu à Emad de se faire arrêter le 9 juillet 2011.
Pendant toute la durée de sa détenton, il doit se retenir de hurler à chaque supplice. "Ils m’ont tout enlevé, même mes sous-vêtements, et m’ont accroché au mur pendant au moins quatre heures. Toutes les trente minutes, ils m’aspergeaient d’eau et m’envoyaient des électrochocs", témoigne Emad.
"J’ai ensuite vu mon père étalé par terre, ils ont commencé à le frapper et à le torturer. C’était très dur de voir mon père frappé, il criait, il demandait pitié… Je les hais pour cela", poursuit-il. Quand il n'était pas torturé, Emad devait rester debout dans une cellule minuscule avec 75 autres détenus meurtris.
"La torture est ici tellement organisée"
Selon Amnesty International, qui a enquêté à la frontière avec la Jordanie, ils seraient des dizaines de milliers comme Emad. Toute personne arrêtée est systématiquement torturée, dénonce la présidente d'Amnesty, Geneviève Garrigos.
"Ces tortures s’appliquent aux hommes mais aussi aux vieillards, aux femmes et aux enfants", avance-t-elle, avant d’ajouter : "la torture est ici tellement organisée que cela ne peut se faire que par l’Etat". Pour stopper cette torture de masse, Amnesty ne demande pas une intervention armée mais la saisine de la Cour pénale internationale (CPI) pour crime contre l'humanité.
"Si je retourne en Syrie, ils vont me tuer"
Relâché 20 jours plus tard, Emad d’abord été forcé de signer un document où il promettait de ne plus manifester. Pourtant, il était dans la rue dès le lendemain pour protester, avant de fuir en Jordanie en décembre dernier. "Si je retourne en Syrie, ils vont me tuer", se lamente-t-il.
Les opposants syriens exilés à Paris appellent à manifester jeudi à 18h30. Ils vont notamment dénoncer la torture systématique des prisonniers que révèle un rapport d'Amnesty International.