Pas un mois n'a passé sans la découverte de centaines de cadavres à côté d'embarcations de fortune. L'année 2014 a battu un triste record : celui du nombre de migrants ayant trouvé la mort en tentant de traverser la mer Méditerranée. Au moins 3.419 migrants ont perdu la vie depuis janvier sur "la route la plus mortelle du monde", a annoncé mercredi l'agence des Nations Unies en charge des réfugiés, l'UNHCR.
Depuis le début de l'année, ce sont plus de 207.000 migrants qui ont tenté de traverser la Méditerranée, un chiffre presque trois fois plus élevé que le précédent record de 2011 lorsque 70.000 migrants avaient fui leur pays lors du printemps arabe. Au final, plus d'une personne sur 100 est morte dans cette fuite vers l'Europe.
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Des conflits qui entourent l'Europe. "Ces chiffres constituent une nouvelle étape à laquelle nous assistons cette année : nous faisons fasse à un arc de conflits et l'Europe y a été directement confrontée", a déclaré Adrian Edwards, le porte-parole du HCR. Avec des conflits au sud comme en Libye, à l'est avec l'Ukraine et au sud-est en Syrie et en Irak, l'Europe connaît actuellement le plus grand nombre d'arrivées par la mer.
Syriens et Erythréens en première ligne. Près de 80% des départs s'effectuent depuis les côtes libyennes pour rejoindre l'Italie ou Malte. La plupart de ces migrants arrivés en Italie cette année sont Syriens (60.051), leur pays est ravagé par une guerre civile depuis plus de trois ans et demi, et Erythréens (34.561) qui fuient pour échapper à la répression brutale du pouvoir, au service militaire à vie, et au travail forcé, non rémunéré et à durée illimitée.
L'Union blâmée. Le HCR a critiqué la gestion migratoire des Etats européens, regrettant que certains gouvernements se focalisaient davantage sur le maintien des étrangers hors de leurs frontières que sur le respect de l'asile. "C'est une erreur, et précisément la mauvaise réaction à avoir dans une période où un nombre record de personnes fuient la guerre", a affirmé António Guterres, Haut-Commissaire de l'ONU pour les réfugiés. "Tous les pays ont des préoccupations de sécurité et de gestion de l'immigration, mais les politiques doivent être conçues de manière à ne pas conduire à ce que les vies humaines deviennent des dommages collatéraux".
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Migrants en Méditerranée : un capitaine témoignepar Europe1fr