Pas moins de 355 accusés à la barre, 900 témoins et 400 avocats : c'est un maxi-procès qui s'ouvre mercredi matin en Italie, et devrait durer plus de deux ans. Sur le banc des accusés : des membres la mafia calabraise, la 'Ndrangheta, et leurs complices présumés, dirigeants politiques, fonctionnaires de police, hommes d'affaires… Tout le système de la plus puissante mafia italienne doit être jugé.
3 heures pour décliner toutes les identités
Sur la liste des accusés, il y a "P'tit Gros", "Blondinet", ou encore "La Chèvre" : une litanie de surnoms, déjà égrenée lors d'une audience préliminaire qui a pris pas moins de 3 heures au total, uniquement pour décliner toutes les identités. Le réseau est si vaste qu'il étend ses tentacules bien au-delà de la péninsule italienne.
Trafic de drogue, racket, homicides… : Tout l'éventail des crimes et délits semble couvert. Et certains avocats de la défense en jouent, estimant que dans ces conditions, il est impossible de garantir un procès équitable à chaque accusé.
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Un procureur sous escorte policière depuis 30 ans
"Vous voulez qu'on ne les arrête pas ?", balaye Fabrice Rizzoli, spécialiste du crime organisé, interrogé par Europe 1. "Je ne pense pas qu'il ait fait exprès, le procureur, quand il commence ses enquêtes et qu'en tirant le fil il trouve énormément de complices de mafieux. Il faut comprendre le système pénal italien qui est quand même l'un des plus aboutis contre la mafia, pour comprendre qu'ils ont les meilleurs outils juridiques au monde."
Aux commandes de cette vaste enquête, il y a le procureur Nicola Gratteri, Calabrais lui aussi, et qui jouait au foot dans sa jeunesse avec ceux qu'il tente aujourd'hui de faire condamner. Un engagement qui lui vaut de vivre sous escorte policière depuis plus de 30 ans.