Le monde entier sait que l’Espagne est en crise, mais cela a semble-t-il échappé à Guillermo Collarte. L’homme devrait pourtant être au courant, puisqu’il est élu à l’Assemblée espagnole, dans les rangs du conservateur Parti populaire (PP). Cela ne l’a pas empêché de se plaindre récemment de ses émoluments, d’un montant de 5.100 euros mensuels. Trop maigre à son goût.
"Entre les 416 euros qu'ils me donnent en temps que conseiller (municipal, ndlr), qui ne couvrent aucun de mes frais, les 4.200 euros nets, plus ou moins, que je gagne comme député et les 290 que je reçois comme fonctionnaire de l'assemblée (de Galice, ndlr), au total je gagne environ 5.100 euros et j'ai plutôt du mal" à boucler les fins de mois, a osé dimanche Guillermo Collarte, dans un entretien au journal La voz de Galicia.
Le hashtag #verguenza (honte) fait fureur
Pour rappel, l’Espagne possède le taux de chômage le plus élevé du monde industriel, avec 24,63% de la population active sans emploi. Par ailleurs, les chômeurs en fin de droit recevant une allocation mensuelle de 400 à 450 euros, tandis que le salaire minimum, de 641 euros, y est particulièrement bas.
La réaction sur les réseaux sociaux ne s’est pas faite attendre. Le hashtag #verguenza (honte) a très rapidement fait fureur. "Le pauvre, cela fait de la peine", pouvait-on notamment lire de la part d’un internaute ironique. "Si tu as du mal (à boucler les fins de mois), imagine les autres", commentait un deuxième. "Je crois que tu devrais démissionner, tu rendrais service à la société", estimait un troisième, ajoutant : "en plus, dans une entreprise privée tu gagneras plus".
Des propos au "sens figuré"
Egalement critiqué par son propre parti, le député du PP a présenté ses excuses dès dimanche soir. "Je demande pardon à tous ceux qui ont pu se sentir offensés, je sais parfaitement qu'il y a des gens avec 400 ou 500 euros et beaucoup de gens sans rien, qui eux ont vraiment du mal", a rectifié Guillermo Collarte sur la radio Cadena Ser, expliquant avoir parlé "au sens figuré".
En juillet, une autre députée du PP, Andrea Fabra, avait elle aussi dû s'excuser après avoir causé un scandale en s'exclamant "qu'ils aillent se faire voir", en parlant visiblement des chômeurs, en pleine Assemblée. Or, le chef du gouvernement Mariano Rajoy venait d'annoncer une réduction de l'allocation chômage au bout de six mois, dans le cadre d'un plan de rigueur visant à récupérer 102 milliards d'euros d'ici 2014, afin de réduire le déficit public.