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Isabelle Ory , modifié à
L'Europe célèbre samedi les 60 ans de la signature du Traité de Rome, qui donna naissance à l'Union européenne. 
REPORTAGE

En France, quand vous rencontrez un homme politique ou un haut fonctionnaire, il a très souvent fait l’Ena. Et bien l’Union européenne aussi a son "Ena". Il s’agit du Collège de l’Europe à Bruges. L’école de l’élite européenne forme les futures fonctionnaires et plus largement ceux qui exerceront un métier en relation avec l’Europe. Europe 1 est allé voir si les étudiants avaient encore la vocation, à l’occasion du 60e anniversaire de la signature du Traité de Rome.

"On y croit encore". Bruges, ses canaux, ses maisons flamandes du Moyen-âge, ses touristes chinois et son collège d’Europe. Il figure rarement sur les photos souvenirs et pourtant sa notoriété s’étend bien au-delà de la venise  du nord. A Bruxelles, quand quelqu’un dit "j’ai fait Bruges",  tout le monde sait de quoi il parle. Depuis 1949, des milliers de jeunes ont étudié ici l’Union européenne sous toutes ses coutures. Ils viennent des 28 Etats-membres et même du reste du monde.  Et aujourd’hui encore ils ont la passion de l’Europe chevillé au corps.

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"Bien sûr qu’on y croit encore. Tout le monde parle du projet matin et soir", confirme Sophie, une étudiante française. "Même si c’est un peu démodé, c’est bien d’être à contre-courant et d’y croire", renchérit son amie Léonie. Pendant une année, toute la promotion va vivre ensemble. Midi et soir, c’est rendez-vous à la cantine. Les élèves sont sélectionnés par le ministère des Affaires étrangères de leur pays et la plupart ont reçu une bourse. Elle paie les frais de scolarité, 24.000 euros, et parfois le séjour dans l’une des résidences. 

 

BEL 04 la cantine collective

 

"C'est un microcosme". A Bruges, on vit dans une bulle, explique Farid un étudiant Suisse : "C’est vraiment un microcosme. On est tous ensemble toute la journée, on mange ensemble, on sort ensemble, on travaille ensemble. On est ensemble tout le temps".

Entendu sur europe1 :
On ne leur fait pas de lavage de cerveau

 

Pour que ce soit bien concret, il y a un passage obligé : la simulation. Cette semaine, certains étudiants simulent par exemple un Conseil des ministres des affaires étrangères. Il y a une urgence en Géorgie, chacun a reçu un badge, ministre ou diplomate, et ça négocie sec dans les couloirs. Pour ces graines d’eurocrates - ils n’aiment pas ce mot, trop péjoratif - c’est l’occasion de vivre la complexité de l’Union.

 

BEL 08 faux conseil des ministres

 

Beaucoup deviendront lobbyistes. Alors bien sûr, le cursus s’est adapté au monde qui change. Montée de l’eurosceptiscime et Brexit figurent désormais au programme. Les liens entre Bruxelles et les capitales aussi. "D’un côté, on a des vrais militants de l’Europe, mais de l’autre côté il y a aussi les sceptiques, des eurosceptiques, qui critiquent de façon constructive l’intégration européenne. Ça fait partie du programme de toute façon. On ne leur fait pas du lavage de cerveau, on ne veut pas qu’ils agitent sans arrêt des petits drapeaux européen. Non, l’idée c’est de former les futurs dirigeants européens, qui iront à Bruxelles ou Luxembourg mais aussi dans les Etats-membres", explique le professeur Michael Keoning. 

Les élèves sont en effet de moins en moins nombreux à intégrer les institutions européenne, qui ne recrutent plus guère. Beaucoup deviendront lobbyiste ou rentreront dans leur pays. Mais ils seront tous autant de petits missionnaires, convaincu de l’importance du projet européen.

>> L'analyse de notre reporter Isabelle Ory est à réécouter ici :  


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