Le feu ne cesse de s’abattre sur Gaza. Mercredi, au moins 16 Palestiniens ont été tués à l’aube, après de nouveaux bombardements israéliens qui ont notamment touché une école de l’Agence des Nations unies pour les réfugiés palestiniens. Dans la bande de Gaza, où plus de 1.260 personnes ont été tuées depuis le début du conflit le 8 juillet, les morgues n’ont plus de place. Et dans les cimetières, on peine à trouver le temps et le terrain pour enterrer les corps.
Pas de pierre tombale. Le neveu de Mariam, rencontrée par Europe 1, repose par exemple depuis mardi sous un monticule de terre encore frais. Pas de pierre tombale ni de plaque : son nom est écrit au stylo bille sur un bout de carton, négligemment planté dans le sol. "La situation est trop dangereuse, on a dû se dépêcher", explique la tante du défunt, qui dit avoir "profité de la dernière trêve pour l’amener ici vite", sans "avoir le temps de faire plus".
>> LIRE AUSSI - Gaza : "le projectile est tombé sur les enfants qui jouaient"
Pour enterrer le corps, "on a dû ouvrir la tombe de mon grand-père, pour lui trouver une place. La prochaine fois ce sera celle de ma grand-mère", renchérit un autre membre de la famille. "C’est comme ça maintenant, on fait des tombeaux comme les Égyptiens", ironise-t-il.
Ecoutez le reportage de l'envoyée spéciale d'Europe 1 à Gaza :
Des corps entassés dans de vieilles tombes. Dans ce cimetière, le dernier des refuges est complet. Alors, presque tous les nouveaux corps sont entassés dans les vieilles tombes familiales. Les fossoyeurs, qui n’ont pas 15 ans, tentent de se contorsionner pour éviter de piétiner les morts, à la recherche d’espaces libres. En vain.
"Cela nous fait mal d’expliquer ça aux familles", confie l’un d’eux. "La dernière fois, des parents se sont présentés avec six enfants, tous morts. A chaque fois qu’on creusait, il y avait quelqu’un. A force on a trouvé un petit espace, alors on a mis tous les enfants ensemble", raconte le jeune homme.
>> REPORTAGE - Fuir Gaza, mais pour aller où ?
Des cimetières utilisés par le Hamas. En plus du manque de place, il dénonce les bombardements des Israéliens et montre un cratère, impact d’un missile qui, dit-il, a pulvérisé les sépultures. A cet endroit, "des gens étaient en train d’enterrer un proche. Et tout d’un coup, ils ont bombardé, là, juste ici".
Car les cimetières sont aussi parfois des champs de bataille, utilisés par le Hamas pour attaquer Israël. Sous terre il n’y a plus de place pour les morts. Et à la surface, il y en a suffisamment pour que les roquettes partent, sans qu’un immeuble ne dévie leur trajectoire.