Pour tourner la page des années Ben Ali, le Premier ministre tunisien Mohamed Ghannouchi a promis de s’attaquer à la corruption. Il a donc annoncé mercredi au cours d'une conférence de presse à Tunis la création d'un "comité d'investigation sur la question de la corruption".
Un homme va pleinement incarner cette commission, Abdelfattah Amor. Ce juriste, militant des droits de l’homme, a depuis toujours été dans l’opposition à Ben Ali, mais n’a pas souffert personnellement du régime. C’est donc la garantie d’un travail équilibré menée par un enquêteur et non un procureur.
Ni vengeance, ni complaisance
“L’essentiel est de travailler de manière objective, honnête, à partir de faits : sans esprit de vengeance, sans complaisance“, explique Abdelfattah Amor d’un ton posé, avant de se montrer un peu plus sévère. “On ne manquera pas de dire qui n’a pas jugé bon et utile, ou nécessaire, de coopérer avec cette commission“, précise-t-il.
“C’est une tâche qui sera effectivement très difficile“, a-t-il confié à Europe 1 :
Abdelfattah Amor rendra compte de l’avancée de ses travaux au Premier ministre puis rendra ses conclusions à la justice. Mais la tâche s’annonce ardue : l’inertie des hommes de l’ancien régime, encore en grande partie en poste, est à craindre, alors que les attentes de la population sont immenses. Sans parler de l’ampleur de la corruption, qui a régné pendant 23 ans sur la Tunisie.
Le clan Ben Ali aurait capté 5 milliards de dollars
"La fortune personnelle de l’ancien président tunisien, Zine el-Abidine Ben Ali, et de son épouse, Mme Leïla Ben Ali née Trabelsi, serait estimée à près de 5 milliards de dollars", ont affirmé mercredi trois ONG qui ont déposé plainte à Paris, notamment pour corruption contre l'ex-président tunisien.
Outre la corruption, la plainte déposée par Sherpa, Transparency International et la Commission arabe des droits humains vise le délit de détournement de fonds publics, abus de biens sociaux, abus de confiance et blanchiment aggravé commis en bande organisée.