L'impasse persiste à Abidjan, où les derniers fidèles du président sortant Laurent Gbagbo, repliés sur quelques positions, offrent depuis jeudi une résistance acharnée aux troupes de son rival Alassane Ouattara. Les deux camps ont réduit leurs assaut dans la nuit de samedi à dimanche mais la ville reste dans un calme précaire, d'autant que les pillages se multiplient dans les quartiers laissés sans surveillance.
Licorne prend le contrôle de l'aéroport
Alors que la tension règne, l’heure est à la protection des ressortissants étrangers de la capitale économique ivoirienne. Pour l'heure, Paris n'envisage pas de rapatrier les 12.000 Français présents dans le pays, mais tente de renforcer leur sécurité. Une réunion de crise est prévue dimanche à l'Elysée, alors que la force française Licorne a "pris le contrôle" de l'aéroport international Félix Houphouët-Boigny d'Abidjan, et que les effectifs militaires français ont été renforcés. L'objectif est de "faire face à l’évolution de la situation", a développé sur Europe 1 le commandant Frédéric Daguillon, porte-parole de Licorne.
Il s'agit aussi de faciliter l'atterrissage d'aéronefs militaires ou civils, et de permettre aux personnes qui veulent quitter le pays de le faire plus facilement, selon le colonel Thierry Burkhard, porte-parole de l'état-major des armées à Paris. "Deux compagnies supplémentaires (soit près de 300 hommes, NDLR) ont été déployées à Abidjan par des appareils de transport Hercules C-130 et Transall", a-t-il précisé.
Actuellement, environ 1.400 soldats français sont déployés en Côte d'Ivoire. Ils sont surtout mobilisés dans le sud d'Abidjan, où vivent nombre d'étrangers.Ces derniers sollicitent la protection des militaires de l'opération Licorne. Quelque 1.650 ressortissants étrangers étaient ainsi regroupés dimanche matin dans le camp militaire français de Port-Bouët à Abidjan.
Nouvel avertissement des Américains
"Les Etats-Unis appellent l'ex-président Laurent Gbagbo à se retirer immédiatement", a déclaré dimanche la secrétaire d'Etat américaine Hillary Clinton.
"Gbagbo pousse la Côte d'Ivoire vers l'anarchie", a-t-elle fustigé, soulignant la "grave préoccupation" de Washington face à la "situation dangereuse et qui se dégrade" dans ce pays ouest-africain, notamment les informations sur des massacres à grande échelle dans l'ouest.
Appel à respecter les populations civiles
Hillary Clinton a par ailleurs évoqué la situation des civils et souligné que les deux camps avaient la responsabilité d'assurer leur sécurité et le respect des droits de l'homme. "Nous appelons également les forces du président Ouattara à respecter les lois de la guerre et à cesser les attaques contre les populations civiles", a-t-elle dit. "Les forces du président Ouattara doivent se montrer à la hauteur des idéaux et de la vision exprimés par leur chef élu"", a-t-elle souligné.
Parallèlement, l'ONU a fait état du massacre par les deux camps d'au moins 330 personnes en début de semaine dans l'ouest du pays, une information qui fragilise le camp pro-Ouattara. Samedi soir, la mission de l'ONU en Côte d'Ivoire (Onuci) a annoncé que quatre Casques bleus avaient été "grièvement blessés" par des militaires de Laurent Gbagbo dans le quartier du Plateau, où se trouve la Présidence.