Quelques heures après l'arrestation de Laurent Gbagbo, la capitale économique de la Côte d'Ivoire était anesthésiée. Dans le quartier de Treichville, pro-Ouattara, les rues sont désertes. D'habitude grouillants de monde, les commerces et les restaurants sont vides. Pas une seule voiture ne circule.
Les habitants d'Abidjan ne semblent pas encore croire à l'arrestation de l'ex-président ivoirien. Les familles sont devant leur maison, mais la peur est dans les regards. Pourtant, peu à peu, les langues se délient.
"Ils rodent toujours"
"C'est une nouvelle vie qui commence", dit un habitant. "Nous ne pouvons pas manifester bruyamment notre joie àcause de certains individus qui sont encore à la solde de l'ex-président. Ils rodent toujours", ajoute-t-il au micro d'Europe 1. A quelques dizaines de mètres se trouve le bâtiment de la garde républicaine, et tous les soldats de l'ancien régime n'ont pas rendu leurs armes.
"On avait un président dictateur qui nous tuait", dit un autre habitant. " Vraiment aujourd'hui on félicite le monde entier et on remercie la France", s'exclame-t-il.
Spectre des règlements de compte
Traumatisée par dix jours de bataille acharnée et quatre mois de harcèlement ponctué de massacres, Abidjan est encore hantée par les spectres des règlements de compte et de la vengeance. "Cela a été 10 ans de terreur. Mais nous sommes obligés de pardonner, ce n'est pas la peine de faire la chasse aux sorcières", estime un étudiant d'Abidjan. "Mais cela ne sera du tout facile, à cause de ce pouvoir, j'ai vu des femmes accoucher dans la rue", ajoute-t-il, avant de conclure : "mais il faut oublier, pour pouvoir repartir sur de nouvelles bases".