Selon les médias américains, il s’agit du plus gros délit d’initié depuis les années 80. Un procès exceptionnel s’est ouvert mardi à New York, axé sur le fonds d’investissement Galleon et son fondateur milliardaire Raj Rajaratnam. A 53 ans, l’homme d’affaires originaire du Sri-Lanka est accusé d’avoir piloté des transactions illégales ayant rapporté au moins 45 millions de dollars. Il risque une peine de vingt ans de prison et plus de 100 millions de dollars d'amende. En cumulant les 14 chefs d’accusation, la durée de son incarcération pourrait même s’élever à 205 années.
Unique accusé dans ce dossier, Raj Rajaratman s’est présenté "libre" à l’audience presque 17 mois après son arrestation. Plus d'une centaine de jurés potentiels, six procureurs et sept avocats de la défense étaient présents mardi dans une salle d'audience comble. "Ceci est un long procès, qui devrait durer environ deux mois et demi", a déclaré le juge Richard Holwell qui préside les débats. « Nous savons tous que nombreux sont ceux qui à Wall Street gagnent beaucoup d'argent. Est-ce que ces histoires de riches individus et de transactions impliquant des dizaines de millions de dollars ne vont pas vous rendre la tâche de la justice plus difficile?" a-t-il poursuivi en s’adressant aux jurés.
Le juge Holwell a également rappelé le caractère financier du délit. Une affaire qui, par son ampleur, renvoie logiquement au scandale Bernard Madoff. "Ces dernières années, il y a eu de nombreux articles dans les médias sur le rôle que les fonds d'investissement à risque, les banques d'affaires et les patrons de Wall Street qui les dirigent ont joué dans la crise que traverse le pays", a déclaré le juge Richard Holwell.
De nombreux patrons impliqués
Raj Rajaratman gérait quelques 3,7 milliards de dollars avant le démantèlement de son fonds suite à son arrestation. En 2009, le magazine Forbes le plaçait au 559e rang du classement des hommes les plus riches du monde avec une fortune estimée à 1,3 milliard de dollars.
Le ministère public a décrit cette affaire comme le plus gros cas de délit d’initié impliquant un fonds d’investissement à risque. Selon l'accusation, qui a bâti son dossier sur la base de 200 enregistrements de conversation téléphoniques, Raj Rajaratman a utilisé des informations confidentielles obtenues de ses nombreuses relations d' affaires. Cette manœuvre aurait permis au fondateur de Galleon d’empocher des gains indus sur toute une série de sociétés cotées. Hilton, Google, Clearwire, Akamai ou Advanced Micro Devices figurent parmi ces firmes.
Au moment de son arrestation, Raj Rajaratman avait clamé son innocence, affirmant qu'il allait se "défendre contre ces accusations avec la même intensité et la même précision" que celles consacrées à son travail de gestion. Sur la trentaine de traders, avocats et dirigeants d'entreprises poursuivis au pénal, 19 ont déjà plaidé coupable. Un ancien cadre dirigeant de la société IBM, Robert Moffat a pour sa part commencé à purger une peine de six mois de prison. Il a reconnu qu'il avait confié sur l'oreiller des informations confidentielles à l'une des principales informatrices de M. Rajaratnam.
Dernier rebondissement en date, un ancien patron du prestigieux cabinet de conseil McKinsey, Rajat Gupta, est visé depuis le 1er mars par une plainte déposée au civil par les autorités boursières. M. Gupta, "vieil ami" de M. Rajaratnam, est accusé de lui avoir personnellement transmis des informations confidentielles obtenues en tant que membre du conseil d'administration de Goldman Sachs et de Procter & Gamble. Un autre ancien haut responsable de McKinsey, Anil Kumar, avait également plaidé coupable dès janvier 2010.
Le début de ce procès fleuve s’avère complexe. Le processus de sélection des jurés pourrait prendre plusieurs jours.