"C'est moi qui conduisais. C'est moi (...) ça me fait mal, tout ça. J'ai fait l'accident, je ne l'ai pas fait exprès". Dans ce film tourné à son insu dans le cadre de l'émission israélienne "Ouvda" (Fait), le Français Claude Khayat a reconnu qu'il était au volant lors de l’accident mortel de la route à Tel-Aviv en septembre dans lequel Lee Zeitouni, une Israélienne, a trouvé la mort.
Le 16 septembre, Claude Khayat affirme qu'il conduisait une 4X4 à bord de laquelle se trouvait son ami Eric Robic, quand il a renversé Lee Zeitouni. Tous deux ont ensuite regagné précipitamment la France, suscitant un tollé en Israël où un collectif "Justice pour Lee" s'est formé pour réclamer que les deux hommes soient jugés en Israël.
Enquête avec une caméra cachée
Epaulé par Ilana Dayan, la journaliste qui a réalisé ce film, le fiancé de Lee Zitouni, Roï Peled, a entrepris de retrouver les deux fuyards en France. Il a pour cela notamment eu recours à Yossi Ayache, un Français qui les connaissait, et qui a accepté de s'équiper d'une caméra cachée. Dans les locaux d'un luxueux grand immeuble parisien, Claude Khayat s'est ainsi fait piéger. Il a raconté sa version de l'accident à Yossi Ayache, après s'être préparé un joint de haschisch, en plaidant : "après le choc, il n'y avait rien. La petite, elle est passée de l'autre côté de la voie, et Eric hurlait".
Mis en confiance, Claude Khayat a ensuite accepté de parler à Roï Peled, le fiancé de la victime, par téléphone, alors que le jeune homme se trouvait dans une voiture en bas de l'immeuble, la scène étant filmée et le son enregistré, toujours l'insu de Claude Khayat. C'est alors qu'il a formellement reconnu avoir été au volant le jour de l'accident.
Des liens avec la pègre israélienne ?
Sauf que selon le journaliste qui a enquêté pour l'émission, c'est bien l'autre Français qui tenait le volant. "Nous avons plusieurs témoignages affirmant qu’Eric Robic était le conducteur et qu’il a demandé à son ami Claude de porter le chapeau", affirme-t-il, joint par Europe 1. "En échange, il lui donnerait des centaines de milliers d’euros pour payer les criminels auxquels il devait de l’argent."
Car au cours de l'enquête de télévision, divers personnages ont accusé sous condition d'anonymat les deux Français d'être mêlés à la pègre israélienne, notamment à un de ses patrons, Charlie Aboutboul, un fait que reconnaît Claude Khayat, affirmant dans le film lui devoir de l'argent. Plusieurs témoins les ont qualifiés de "voyous", indiquant notamment qu'ils seraient mêlés à des escroqueries dans des affaires de publicité et de cartes de crédit et qu'"ils travaillent avec des Serbes".
Un autre témoin a affirmé que quelques heures avant l'accident, tous deux passablement éméchés voulaient s'offrir un spectacle spécial après la fermeture d'un club de strip tease à Ramat Gan, près de Tel-Aviv. Interrogé après l'émission, Roï Peled s'est déclaré "content que de nouveaux détails aient été dévoilés, le grand public comprendra mieux qui sont les gens qui ont tué Lee (...) C'est un scandale que la France continue d'offrir un abri à ces criminels".