Les deux officiers américains tués samedi dans l'enceinte du ministère de l'Intérieur l'ont été à cause d'une dispute avec un de leurs collègues afghans au sujet des Corans brûlés mardi dans une base américaine. Les deux occidentaux "ont qualifié le Coran de mauvais livre en présence (de leur collègue afghan). Ils ont eu une dispute verbale. Ensuite, il s'est énervé et a tiré", selon une source gouvernementale anonyme.
"Ce jour-là, ils regardaient des vidéos de manifestations à Kaboul. Les conseillers, mécontents, se moquaient des protestataires, les insultaient", a raconté la source, ajoutant que les Américains avaient "menacé" leur collègue afghan. "Huit balles ont été retrouvées près des deux cadavres", eux-mêmes découverts une heure après les faits, la pièce dans laquelle ils se trouvaient étant insonorisée, a expliqué la source gouvernementale, précisant que ces informations avaient été obtenues notamment grâce à la lecture de vidéos de surveillance.
Le suspect en fuite
L'Isaf, la force armée de l'Otan en Afghanistan, à laquelle appartenaient les deux victimes, a répondu que son "enquête était en cours". "D'après une enquête policière initiale, le suspect est l'un des employés du ministère. Il est actuellement en fuite. Selon Tolo news, principale chaîne d'information afghane, l'homme recherché s'appelle Abdul Saboor, 25 ans. Le suspect, qui a étudié au Pakistan, est entré au ministère en 2007 comme chauffeur, avant d'être entraîné, d'être promu et de travailler comme policier au ministère.
Les talibans ont revendiqué l'assassinat de quatre conseillers au ministère de l'intérieur par "un héros", qu'ils nomment Abdul Rahman, un "combattant" ayant agi "en réaction au manque de respect des envahisseurs pour les objets sacrés de l'islam", notamment après "l'incinération de Corans dans la base de Bagram". "Il est encore bien trop tôt pour établir un lien" entre la mort des deux officiers de l'Otan et l'incinération des Corans, a commenté l'Isaf.
30 morts depuis le début des manifestations
A la suite de l'attaque, le général John Allen, qui dirige l'Isaf, a décidé de "rappeler tout le personnel" de la force armée de l'Otan travaillant dans les ministères afghans. La Grande-Bretagne, l'Allemagne et la France ont décidé samedi et dimanche de s'aligner sur cette décision, souhaitant limiter les risques encourus par leurs agents civils et militaires.
Globalement, les manifestations anti-américaines ont baissé d'intensité dimanche, notamment le district d'Imam Sahib, dans la province du Kunduz (nord). "Sept Américains" membres des forces spéciales ont été blessés lorsque des manifestants ont jeté une grenade sur une base de l'Otan dans ce district, alors qu'un mort et sept blessés civils sont à déplorer dans la même zone, de source médicale.
Dans l’est du pays, la situation reste toujours tendue. Comme le montre cette vidéo (Francetv info), tournée dimanche après-midi à Mehtalarm. Des centaines de personnes grimpent sur les fortifications d’un camp militaire.
Les soldats répliquent en ouvrant le feu :
Ces nouvelles victimes portent le bilan des manifestations anti-américaines à 30 morts et environ 200 blessés. Dimanche, le président Hamid Karzaï a lancé un appel au calme.