"Facile de circuler d’Europe en Syrie". Professeur à Sciences-Po, Agnès Levallois était l’invitée d’Europe 1 dimanche. Elle a partagé son analyse sur le cas Mehdi Nemmouche, que les journalistes ex-otages français en Syrie ont identifié comme étant l’un de leurs geôliers à l’époque de leur captivité. Pour la consultante et universitaire, "le parcours de Mehdi Nemmouche prouve qu’il y a une circulation entre l’Europe et la Syrie, qu’il est assez facile de circuler entre les deux".
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Mais la spécialiste tempère ses propos en ajoutant que cette aisance des Européens à s’engager dans le conflit syrien ne doit pas pour autant semer la panique sur le Vieux continent : "C’est assez facile d’aller en Syrie, les Européens vont en Turquie, puis de Gazantiep (une ville dans l’est du pays), passent la frontière syrienne. Mais aujourd’hui, les Turcs ont pris des mesures plus sérieuses parce qu’ils ont réalisé le danger que ces passages pouvaient représenter pour eux."
Le djihad pour "donner un sens à sa vie". Outre le danger représenté par Mehdi Nemmouche et ces djihadistes européens pour les Etats de l’UE, Agnès Levallois a également tenté de brosser le portrait de ces jeunes gens en partance pour le Moyen-Orient : "Je ne crois pas que beaucoup des djihadistes européens soient des idéologues, ce sont plutôt des gens perdus, en absence de repères, qui voient la Syrie et l’Irak comme des lieux où ils vont trouver une raison d’agir."
Levallois : "les djihadistes Européens sont des...par Europe1frPas de raison idéologique. L’experte ajoute qu’il faut "déconnecter ça d’une réflexion religieuse et idéologique". En effet, "leur départ est motivé par le flou qui entoure la politique syrienne de la France par exemple, ils entendent le gouvernement condamner Bachar El-Assad mais ne rien faire pour l’exclure."
Eviter la "croisade chrétienne". Au sujet des annonces faites par Barack Obama sur ses intentions de combattre activement l’Etat islamique après la décapitation de deux citoyens américains, elle a insisté sur le fait que la coalition qui pourrait être mise en place "doit associer des pays musulmans pour éviter de transformer ce combat en une croisade chrétienne". Elle redoute également des "représailles" sous la forme "d’attentats", surtout si les bases de l’Etat Islamique, composé de "plusieurs milliers de personnes tout au plus" sont attaquées.