LE MOUVEMENT. Des milliers d'internautes du monde entier se sont photographiés ces derniers jours en train d'épauler une arme non létale : leur propre jambe. D'où leur est venue cette idée saugrenue ? C'est l'artiste militant chinois Ai Weiwei qui a lancé le mouvement, en référence à l'actuelle campagne antiterroriste en Chine.
L'artiste iconoclaste et pacifiste, bête noire des autorités communistes, a publié un cliché où on le voit, coiffé d'un chapeau de paille, mettre en joue une cible imaginaire en tenant dans ses mains sa jambe.
Le phénomène devenu un "mème". Ai Weiwei, très actif sur les réseaux sociaux, a créé un "mème", une image déclinée en masse sur l'internet, avec le hashtag #gunleg.
Il a lui-même sélectionné et mis sur ses comptes Instagram et Twitter une sélection de photos prises aux quatre coins de la planète et représentant des internautes dénonçant le recours aux armes à feu avec ce geste moqueur.
Late night leg gun: Shooting on the light @aiww#vsco#vscocampic.twitter.com/R3j8WXw83y— Tracey Fu (@the_tyfun) 18 Juin 2014
Instagram, pas censuré. En Chine, où Instagram n'est pas censuré contrairement à Facebook ou Twitter, de nombreuses personnes ont aussi publié leur photo sur leur compte ou l'ont envoyée grâce à WeChat, une application mobile de messagerie instantanée très populaire.
L'imagerie patriotique maoïste a même été détournée sur des affiches où les soldats de l'Armée populaire de libération brandissent leur jambe à la place de leur fusil.
@aiwwpic.twitter.com/wp6FzojspW— Mengtai Zhang (@MengtaiZhang) 17 Juin 2014
Ai Weiwei a souvent par le passé critiqué l'omniprésence et l'omnipotence des forces de sécurité en Chine et ses oeuvres d'art véhiculent des messages libertaires qui hérissent le pouvoir. Confrontée à des attaques perpétrées par des militants de la région musulmane du Xinjiang, la Chine a récemment lancé une campagne de répression musclée alliant vagues d'arrestations de suspects, procès sommaires, voire exhibitions publiques de condamnés.