L'acheminement de l'aide humanitaire en Irak met-il trop de temps ? Pour l'heure, seuls les Etats-Unis, la France et l'Angleterre distribuent des biens de première nécessité à la population qui a dû fuir les djihadistes. D'autres pays de l'Union européenne et l'Australie devraient bientôt leur emboîter le pas. Mais sur le terrain, il y a déjà urgence. Reportage dans un camp de réfugié à Erbil, capitale du Kurdistan irakien.
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"Il vaut mieux mourir". Ce qui a changé dans le quotidien de Maïtana depuis le début des opérations humanitaires, c'est un pack de petites bouteilles d'eau par jour pour elle et sa famille, six adultes et sept enfants, qui vivent sur des tapis poussiéreux à même le béton. "Je n'ai reçu que ça de la France. On ne peut même pas se laver. Je me dis qu'il vaut mieux mourir que de vivre comme ça. Tous les jours je pleure", confie-t-elle au micro d'Europe1.
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Sans insuline depuis 10 jours. Les jours passent et l'angoisse monte également pour Aïssam, diabétique et sans insuline depuis 10 jours. Assis sur la pelouse du camp, il s'essouffle en parlant. "C''est très dangereux, j'ai tout laissé dans mon village. On a dû partir en dix minutes et je n'ai pas d'argent pour en acheter dans une pharmacie", s'inquiète-t-il. L'insuline ne fait pas partie, pour l'instant, des stocks fournis par la France.
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"On va avoir un gros problème". Le docteur Daniel montre à la place des boîtes de paracétamol. Il n'a pas de traitement pour ces malades chroniques et brandit la menace d'une "bombe à retardement". "Les diabétiques, il y en a 500 rien que dans ce centre. On essaie de les aider pour qu'ils tiennent encore un ou deux jours mais il leur en faut plus. On va avoir un gros problème si les traitements n'arrivent pas d'ici 48 heures", s'alarme le professionnel.
Autre problème : tous ces patients attendent dans un jardin en plein soleil. Le docteur Daniel a vu deux enfants mourir de déshydratation. Preuve que la crise humanitaire tue, même au cœur de la capitale du Kurdistan irakien.