On en saura peut-être bientôt un peu plus sur ce qui est arrivé au vol AH5017 d'Air Algérie, qui s'est écrasé au Mali, 50 minutes après son décollage. Les deux boîtes noires de l'appareil ont été retrouvées et doivent être transférées lundi en France. Pour Xavier Tytelman, formateur en sécurité aérienne au Centre du traitement de la Peur en Avion, interrogé lundi sur Europe 1, "si les boîtes noires sont exploitables, on saura rapidement ce qui s'est passé".
"Une enquête, cela dure des années". L'une des deux boîtes noires "enregistre à peu près un millier de paramètres en continu, de manière très très précise et rapide". Elle permettra donc peut-être aux enquêteurs de savoir "si l'avion était en descente" ou s'il a "été touché de l'extérieur". "Reste à savoir quelles informations vont être diffusées rapidement à la presse", souligne Xavier Tytelman, rappelant qu'"une enquête, cela dure des années".
Les explications de Xavier Tytelman :
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"Blanchir la zone". Pour l'heure, ajoute le spécialiste, la priorité des enquêteur, "c'est de blanchir la zone" du crash. En clair, "il faut éviter que quiconque puisse accéder à cette zone pour la souiller". En dehors des précieuses boîtes noires, les enquêteurs disposent de peu d'éléments. "On peut trouver des analyses chimiques sur les maigres débris qu’on va retrouver", examiner "la forme de ces débris, dans quel sens ils ont été tordus". Les enquêteurs vont essayer de récupérer ces débris, "les regrouper, et dans la mesure du possible, certainement dans un grand hangar, de reconstituer l’avion".
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Des débris très petits. Pour Xavier Tytelman, il existe plusieurs hypothèses pour expliquer le crash de l'avion d'Air Algérie. "La plus probable, c’est que l’avion soit arrivé à très grande vitesse sur le sol", peut-être à "900 kilomètres/heure". "Quand un avion arrive au sol à une vitesse relativement faible, quand c’est une chute libre par exemple, [...], on retrouve des morceaux qui sont beaucoup plus importants", note l'expert. "Là, on imagine un avion qui va piquer jusqu’au sol, on ne sait pas exactement pour quelles raisons, mais en tout cas à une très grande vitesse, d’où le fait que les débris sont très petits", explique-t-il. "Soit l'avion descendait sans que les pilotes s’en rendent compte, c’est ce qu’on appelle la désorientation spatiale des pilotes", poursuit le spécialiste. Dans ce cas, l'avion aurait "piqué vers le sol, mais à cause de turbulences, d'une situation confuse pour [les pilotes], ils ne s'en seraient pas rendu compte". Autre possibilité : "que les commandes soient bloquées vers le bas", pour une raison "technique" ou à cause d'un "attentat".
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Difficile d'identifier les corps. Xavier Tytelman explique aussi à quel point il est difficile d'identifier les corps. Pour cela, "les médecins légistes vont plutôt travailler avec les dents, car c’est souvent la dentition qui résiste le mieux". "Il y aura des traces génétiques qu’il va falloir exploiter sur le terrain aussi", souligne-t-il, ajoutant toutefois : "vu l’éparpillement des morceaux de métal, je crains qu’il ne soit difficile de retrouver et pouvoir honorer les victimes à chaque fois".
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