"De tous les anciens ministres de Bouteflika, il est sans doute celui qui a la meilleure image". Pour Marwane Ben Yahmed, directeur exécutif de la rédaction de Jeune Afrique, Ali Benflis incarne la possibilité d'une transition en douceur" dans l'après-Bouteflika. A 60 ans, il jouit d’une réputation d’homme ouvert, de défenseur des libertés, soucieux d’ouvrir le pays, face à un président en place depuis 1999.Il est donc son principal challengeur dans cette élection de jeudi.
Il vole trop vite de ses propres ailes. Avant de devenir son principal opposant, Ali Benflis était proche du président algérien. Ce dernier voyait d’ailleurs en lui son probable successeur. Ministre de la Justice, puis directeur de campagne en 1999 et même Premier ministre d’Abdelaziz Bouteflika, Ali Benflis n’a pas attendu le feu vert du président "pour essayer de voler de ses propres ailes", raconte Marwane Ben Yahmed. "Au début des années 2000, Ali Benflis opère la rupture. Pour lui, Bouteflika n’a pas respecté son engagement : ouvrir un peu l’Algérie", ajoute-t-il.
La rupture à Paris. Et c’est après un voyage officiel à Paris, en 2003, que la relation entre les deux hommes se détériore. "Benflis est reçu à Paris en visite officielle en tant que Premier ministre et il est présenté comme le successeur de Bouteflika", se souvient Marwane Ben Yahmed. "Cela a été assez mal reçu par les proches de Bouteflika qui ont mis en garde le président des velléités de Benflis", ajoute-t-il. Le 5 mai2003, le Premier ministre, Ali Benflis, est limogé et remplacé par Ahmed Ouyahia.
Moins d’un an après, Ali Benflis se présente, face à Bouteflika, à l’élection présidentielle, soutenu par quelques généraux. Une trahison pour Abdelaziz Bouteflika, qu’il ne pardonnera jamais à son ancien homme de confiance. Mais les généraux lâchent Benflis au dernier moment et il perd largement l’élection.
Une transition en douceur. Dix ans plus tard, il tente donc une nouvelle fois de déloger Abdelaziz Bouteflika de son "trône". "Mais il a compris que sa campagne de 2004 était violente vis-à-vis du président, cette fois-ci, il l’a donc axée sur ce qui ne fonctionne pas en Algérie et sur ce qu’il voudrait changer", observe Marwane Ben Yahmed.
Un Chaoui à la tête dure. Ali Benflis s’est donc attelé à mener une campagne autour de l’idée d’une transition en douceur. Idée qui "rassure les Algériens qui ne veulent pas d’une révolution, qui rappellerait les années noires du pays", précise Marwane Ben Yahmed. Mais les chances de gagner l'élection sont minces pour Ali Benflis. Le candidat a déjà indiqué que la fraude était son principal adversaire, lors de ce scrutin. En cas de victoire d'Abdelaziz Bouteflika la probabilité de voir le peuple algérien se révolter est faible.
Mais Ali Benflis est "un homme têtu", prévient le spécialiste, soulignant qu’"il vient d’une grande famille de Batna dans les Aurès, dans l’est du pays. C’est un chaoui [un groupe ethnique berbère d'Algérie, NDLR]. Ils ont la réputation d’avoir la tête très dure et de ne pas se laisser faire".
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