Maci, 28 ans, travaillait dans le marketing. Cet Algérien a tout arrêté pour se consacrer au mouvement Barakat, qui milite contre un quatrième mandat d’Abdelaziz Bouteflika. Lundi, ses animateurs ont annoncé qu’ils ne reconnaîtraient pas le président issu du scrutin de jeudi, dénonçant un simple "processus d’intronisation" de celui que les Algériens surnomment "Boutef". Pour Maci, en charge des réseaux sociaux de Barakat, et surtout de la page Facebook du mouvement, cette campagne est en tout cas la première lors de laquelle "beaucoup de monde a accès à Internet", explique-t-il à Europe 1.
"Ça a vraiment changé les choses, parce que les gens ont accès à de l’information", poursuit le jeune homme, expliquant que les Algériens postent des photos et des vidéos sur les réseaux sociaux : "les gens en profitent pour donner directement leurs idées, leur avis".
"Election 2.0". Même son de cloche du côté du blogueur Abdou Semmar, journaliste pour le site Algérie-Focus, pour qui "c'est la première fois qu'une élection présidentielle se joue en ligne". Lui parle même "d'élection 2.0".
"Il y a eu une guerre de réseaux entre les partisans de Benflis [le principal challenger, NDLR] et de Bouteflika", explique ce blogueur, pour qui "Internet est devenu l'oxygène des Algériens". "Ça a permis à l'opposition de s'épanouir et à la société civile de dire 'j'existe enfin !'".
"Le dernier espace de liberté". Les réseaux sociaux sont "pour l'instant" le "dernier espace de liberté", souligne aussi Sid Ali Kouidri, porte-parole du mouvement Barakat, citant l'exemple du journal Algérie News, qui s'est vu privé de publicité publique "pour faire pression sur les journalistes et les journaux", car la publication avait ouvert ses colonnes au mouvement Barakat. "C'est une atteinte à la liberté d'expression et c'est devenu monnaie courante dans ce système", dénonce-t-il.
Pour les Algériens, le web et les réseaux sociaux représentent donc "un espace d’expression, de liberté", soutient aussi Maci, ajoutant tout de même que "les gens ont peur" et créent bien souvent des profils anonymes. Car ils savent que "s’ils se font attraper, ils vont payer très cher".
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