Algérie : les anti-Bouteflika visent l'après présidentielle

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avec Sébastien Krebs, envoyé spécial à Alger , modifié à
REPORTAGE - Les supporters d'Ali Benflis ne se font pas d'illusion sur les risques de fraudes jeudi prochain, mais ils ne laisseront pas faire.

"Le peuple algérien le soutient parce que c’est un homme de paix". Pour les supporters d’Abdelaziz Bouteflika, il est l’homme de la situation. Les Algériens sont appelés aux urnes jeudi pour choisir leur président au cours d'un scrutin a priori sans surprise. A 77 ans, le président sortant brigue un quatrième mandat malgré un état de santé préoccupant. Mais ses supporters sont là et croient en lui, tandis que l’opposition craint une fraude massive.

"Un président qui a beaucoup travaillé". Les quelque 23 millions d'électeurs doivent choisir entre six candidats. En l'absence de sondages, Abdelaziz Bouteflika est donné favori par les observateurs. Pourtant ses ennuis de santé l'ont empêché de mener lui-même campagne. Mais, pour ses supporters ce n’est pas un souci, "c’est un président qui a beaucoup travaillé. Pendant trois mandats, il s’est donné à fond", estime une militante au micro du reporter d’Europe 1 à Alger. "Aujourd’hui l’Algérie a retrouvé la sérénité et la paix", ajoute-t-elle.

Du côté d’Amel, mère de famille et également supportrice du président sortant, qu’importe son état de santé "on l’aime et c’est ça le plus important". "Avant que Bouteflika soit président de l’Algérie, j’avais demandé à mon mari que l’on quitte le pays. Mais depuis qu’il est là, on est heureux", poursuit-elle au micro d’Europe 1, précisant que même si son état de santé ne lui permet pas de diriger le pays, "son équipe est bien".

Affaibli il y a un an par un AVC, Abdelaziz Bouteflika, suivrait une rééducation pour récupérer toutes ses facultés d'élocution et sa mobilité. Pour ses adversaires, c’est une aberration. "Ce n’est pas normal. On ne peut pas avoir un président malade", s’insurge un militant du parti d’Ali Benflis. "Ce n’est possible qu’il soit candidat, il y a forcément des gens qui le poussent à être candidat", ajoute-t-il.

"Le peuple algérien est très intelligent. On sait qu’ils vont frauder, qu’ils vont truquer l’élection", ajoute le supporter. Et c’est, en effet, la plus grande crainte du challenger d'Abdelaziz Bouteflika. Ali Benflis a déclaré samedi dernier que la fraude serait son "principal adversaire. Je dois rappeler qu'en 2004, le gagnant c'était la fraude. Le vainqueur c'était la fraude. Le perdant c'était la démocratie", a-t-il insisté.

Alors, pour ces militants, il n’y aura pas d’autre choix que d’attendre le résultat du scrutin pour agir ensuite "pour la démocratie". "On n’acceptera pas ! Il y a des manières de protester, des manières pacifiques et modernes", estime un autre militant, même si les manifestations dans la capitale algérienne sont interdites depuis maintenant treize ans.

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