L’ELECTION. Les bureaux de votes sont ouverts depuis jeudi matin, en Algérie, où se déroule une nouvelle élection présidentielle jouée d’avance. Le président sortant Abdelaziz Bouteflika, 77 ans, devrait être réélu pour un quatrième mandat. Mais combien d’électeurs vont se déplacer pour aller voter ?
A 48 heures du scrutin, Bouteflika lui-même a exhorté les Algériens à se rendre aux urnes, car "l’abstention dénote une propension délibérée à vouloir demeurer en marge de la nation", a-t-il affirmé. Officiellement, lors de la présidentielle de 2009, 74 % des Algériens avaient voté. Mais des câbles confidentiels de l’ambassade américaine à Alger révélaient que les Etats-Unis estimaient que seuls 20 à 30 % des Algériens s’étaient vraiment rendus aux urnes.
Cette fois, l’abstention pourrait atteindre des sommets, notamment chez les moins de 30 ans. Les jeunes représentent deux tiers de la population algérienne. Sans eux, une élection ne pourrait même pas se prétendre représentative. Europe 1 est allé à la rencontre de jeunes Algérois.
La précarité pèse sur la jeunesse. A Alger, dans le quartier populaire de la Casbah, Mohammed et ses amis n’iront pas voter, explique-t-il, par lassitude : "Personne ne va voter, on a perdu espoir, dit-il. Tout est planifié depuis le début donc on n’y croit pas du tout." Sihem, une Algéroise de 25 ans, n'hésite pas à parler de "mafia". "Tout est prévu. Il y aura de la triche, ce sont tous des voleurs", ajoute-t-elle.
Mohammed raconte ne vivre que de petits boulots, payés une misère, malgré un diplôme de commerce international. En Algérie, le taux de chômage avoisine les 10 %, mais frôle les 22 % pour les jeunes de moins de 35 ans. "Comment voter pour quelqu’un qui n’a rien fait pour nous ?, interroge-t-il. On en a marre de ses paroles." Sa réponse, ce sera donc l’abstention.
La jeunesse va-t-elle exploser ? A l’autre bout de la ville, d’autres jeunes, dans une situation moins précaire, n’ont pas davantage l’intention d’aller voter. Sihem, elle, habite un quartier huppé d’Alger et ne se plaint pas de sa vie de tous les jours. Mais elle "veut du changement" et "ne le voit pas" arriver. Pour elle, les élections sont "une pièce de théâtre".
Mais en Algérie, on attend la fin du vote avec une pointe d’inquiétude. Les jeunes vont-ils se mobiliser ? Y’aura-t-il des accusations de fraudes ? Mercredi, une tentative de rassemblement dans le centre d’Alger a été violemment réprimée par la police.
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