Allemagne : Merkel dans la dernière ligne droite

© REUTERS
  • Copié
avec AFP , modifié à

A la veille des législatives, la chancelière arpente le terrain et mise tout sur sa personnalité.

Le temps est compté avant les premiers votes. Alors pour mobiliser les électeurs indécis qui se rendront dimanche aux urnes, la chancelière Angela Merkel n’a pas hésité à se rendre à Munich où elle a ouvert la 180e la fête de la bière. Samedi, elle a prononcé son dernier grand discours de campagne, à Berlin. Très présente sur le terrain, la dirigeante conservatrice s'appuie sur son nom et son bilan pour tenter de mobiliser.

"Angie doit sauver le monde". Acclamée par quelques 4.000 partisans dans la capitale allemande, Angela Merkel, tout sourire, a demandé aux électeurs de lui "accorder un mandat fort" pour qu'elle puisse, "les quatre prochaines années, continuer à servir l'Allemagne". Pour chauffer les troupes, un groupe de musiciens est venu interpréter "Angie doit sauver le monde" et "You're simply the best". Il faut dire qu'au sein de son parti, jamais le culte d'Angela Merkel n'avait atteint un tel niveau.

Des intentions de vote rassurantes. Dans un dernier sondage de la chaîne ZDF, les conservateurs (CDU/CSU) sont donnés à 40% d'intentions de vote, alors que leur partenaire, le FDP, pointe à 5,5%. Le SPD rival est, lui, donné à 27% et leurs alliés traditionnels, les Verts, faiblissent à 9% (-2). Alors pour récupérer encore quelques voix, la chancelière n’hésite pas à sillonner le pays.

>> A lire également : Élections allemandes : comment ça marche ?

"Vous n'aurez Merkel qu'avec la CDU", assure-t-elle à chaque intervention publique. C'est ce message qu'elle a répété en fin de journée, vendredi, dans la capitale de la Bavière, une région où son camp a fait le plein de voix dimanche dernier lors d'un scrutin régional.

"Accordez vos deux voix à la CDU". Angela Merkel craint que ses électeurs soient tentés de soutenir son allié, le parti libéral (FDP), en mauvaise posture dans les sondages, pour sauver la coalition au pouvoir depuis quatre ans. "Si vous voulez que l'Allemagne continue sur la voie du succès et que je puisse continuer à travailler en tant que chancelière, alors allez voter, s'il vous plaît, dimanche et accordez vos deux voix à la CDU", a-t-elle martelé ces derniers jours. Dans le système allemand, on vote à la fois pour un député et pour un parti.

>> Zoom : Die Partei, promet de "buter les 100 Allemands les plus riches"

Personnalité politique préférée des Allemands. A 59 ans, la présidente de la CDU est en passe d'obtenir un troisième mandat de chancelière. Personnalité politique préférée des Allemands, très loin devant son principal adversaire, le candidat du parti social-démocrate (SPD) Peer Steinbrück, elle pourrait cependant être contrainte de négocier une alliance avec cette formation, comme lors de son premier mandat (2005-2009).

Un dernier sondage dimanche. Les électeurs "sont satisfaits de la chancelière mais pas du gouvernement". "Cela sent le demi-changement de pouvoir", a estimé le politologue Karl-Rudolf Korte de l'Université de Duisbourg (ouest) sur la chaîne ZDF. Pour la première fois en Allemagne, un dernier sondage devrait être publié dimanche, jour du vote, par le quotidien à grand tirage Bild.

Le SPD tente une dernière attaque. Le candidat du SPD Peer Steinbrück a insisté jeudi soir sur la nécessité de se "débarrasser de ce gouvernement", attaquant son bilan notamment en matière sociale : bas salaires, petites retraites... "Donnez votre voix aux députés SPD, pour qu'ils puissent ensuite m'élire chancelier", a-t-il lancé à la foule réunie sur l'une des grandes places de Berlin.

Un dernier meeting à Stralsund. Pendant cette dernière journée, le SPD va poursuivre sa campagne de proximité, avec des centaines de milliers de visites à domicile et des meetings à travers tout le pays. La chancelière achèvera sa campagne dans son fief de Stralsund. C'est dans cette circonscription des bords de la mer Baltique qu'elle a entamé sa carrière politique à la chute du Mur de Berlin en obtenant son premier mandat de député en 1990.

"Nous avons le choix". Instance morale en Allemagne, le président fédéral Joachim Gauck a appelé solennellement les 61,8 millions d'électeurs allemands à se rendre massivement aux urnes dimanche. Ce pasteur, qui lutta pour l'instauration de la démocratie dans la RDA communiste, a lancé dans un message vidéo : "Nous avons le choix". "C'est quelque chose dont des millions de gens dans le monde rêvent", a-t-il souligné alors que l'abstention avait atteint un record, à près de 30%, lors des dernières législatives il y a quatre ans.