Les sociaux-démocrates allemands ont compliqué les discussions avec Angela Merkel en vue de la formation d'une "grande coalition" en faisant dimanche de la création d'un salaire minimum national une condition non négociable à leur participation au gouvernement.
"Il n'y aura pas de gouvernement avec le SPD sans un accord sur un salaire minimum national de 8,50 euros de l'heure", prévient la secrétaire générale du SPD, Andrea Nahles, dans les colonnes du Bild am Sonntag.
Le bloc chrétien-démocrate CDU-CSU de Merkel est arrivé largement en tête des élections fédérales du 22 septembre dernier, mais avec 311 élus au Bundestag a raté la majorité absolue pour cinq sièges seulement. Ses alliés libéraux du FDP, passés sous le seuil des 5% des suffrages, ayant été évincés du Parlement, la chancelière doit négocier un partenariat avec le SPD, comme en 2005-2009, ou avec les Verts, une formule jamais expérimentée au niveau fédéral.
La reconduction d'une "grande coalition" CDU-SPD semble la plus plausible, et une nouvelle réunion est prévue lundi entre Merkel et les sociaux-démocrates. "J'attends davantage d'engagements concrets de sa part lors de cette rencontre, pas simplement sur le salaire minimum", a ajouté Andrea Nahles.
Si le SPD a battu en retraite sur son projet d'augmentation des impôts, les 470.000 adhérents du parti, à qui reviendra le dernier mot en cas d'accord entre leur direction et Merkel, n'accepteront pas en revanche qu'un contrat de gouvernement ne reprenne pas l'idée d'un salaire minimum, prévient la secrétaire générale du SPD. Dans certains secteurs d'activité, les rémunérations en Allemagne ne dépassent parfois pas les 3 euros de l'heure.
Mais l'idée d'imposer un plancher salarial universel passe mal auprès d'une partie du patronat allemand. Carsten Linnemann, élu de la CDU qui préside l'association des PME, a déclaré dimanche à Reuters que les hausses d'impôts et le salaire minimum étaient inenvisageables. "Ce sont des points non négociables", a-t-il ajouté. La CDU pourrait au mieux accepter des salaires minimum négociés branche par branche.