Aussitôt lancé, aussitôt crashé ? Le mouvement allemand anti-islam Pegida, dans la tourmente depuis plusieurs semaines, a perdu mardi cinq de ses dirigeants, tous démissionnaires. Parmi eux figure Kathrin Oertel, 37 ans, porte-parole du mouvement devenue figure de proue de Pegida depuis la démission du fondateur, le sulfureux Lutz Bachmann, la semaine dernière. Et si Pegida, lancé en octobre, était déjà sur le déclin, comme le prédit le tabloïd allemand Bild ? Eléments de réponse.
>> LIRE AUSSI - Pegida, le mouvement anti-islam qui divise l'Allemagne
Lutz Bachmann grimé en Hitler. Tout a commencé le 21 janvier, quand Lutz Bachmann, 42 ans, ancien cambrioleur et tout nouveau patron de mouvement, a annoncé qu’il jetait l’éponge. En cause : des photos de lui publiées dans la presse, le montrant déguisé en Adolf Hitler, ainsi que la révélation de propos xénophobes tenus par lui sur les immigrés. Mais, selon Rene Jahn, l’un des dirigeants du mouvement, Lutz Bachmann a été maintenu dans "l’équipe d’organisation" du mouvement.
Résultat : Rene Jahn a lui aussi présenté sa démission mardi soir, tout comme la porte-parole de Pegida et trois autres dirigeants. Kathrin Oertel, elle, dit avoir quitté ses fonctions en raison de "menaces" dont elle aurait fait l’objet. La trentenaire explique aussi qu’elle se sentait harcelée par les photographes de presse rôdant autour de chez elle. Un autre démissionnaire explique de son côté avoir perdu "plusieurs contrats publics" en raison de son engagement au sein du mouvement.
>> LIRE AUSSI - Allemagne : photographié en Hitler, le leader de Pegida démissionne
Vers une scission au sein de Pegida ? Certains avancent une autre explication : le manque de distanciation avec Legida, la branche de Pegida à Leipzig. Ce "cousin" turbulent est en effet considéré comme plus radical. D’après Die Welt, il compte dans ses rangs un proche du NPD, le parti néonazi allemand, ainsi que des supporters de football d’extrême-droite. De quoi embarrasser le mouvement Pegida qui, dans sa quête de respectabilité, rejette l’étiquette "anti-islam" et lui préfère celle de "critique de l’islamisme".
Plus que 17.000 manifestants à Dresde. Au-delà des querelles internes qui le fragilisent, le mouvement semble aussi s’essouffler dans la rue. A Dresde, berceau des "Européens patriotes contre l’islamisation de l’Occident", l’affluence aux rassemblements organisés chaque lundi n’avait cessé de croître depuis l’automne, jusqu’à atteindre un record de 25.000 manifestants le 12 janvier, juste après les attentats de Paris. Mais dimanche, date du dernier rendez-vous, ils n’étaient plus que 17.000 dans la rue. A Leipzig aussi, ils étaient moins que prévu, souligne Le Figaro.
>> LIRE AUSSI - Allemagne : les anti-islam de Pegida défilent
Pour des raisons encore inconnues, la prochaine manifestation à Dresde, prévue lundi, a été annulée. En revanche, celle du 9 février, maintenue pour le moment, devrait faire figure de test pour l’avenir de Pegida.