L’homme aurait agi "par ennui". Niels H., un infirmier allemand de 38 ans, est jugé depuis septembre pour les meurtres de trois patients par le tribunal d’Oldenbourg, dans le nord du pays. Jeudi, un expert psychiatrique qui a parlé avec lui a assuré lors d'une audience que l'homme avait reconnu avoir tué une trentaine de patients.
Un infirmier modèle. Niels H., dont le nom de famille n’a pas été rendu public, conformément à la loi allemande, est démasqué un jour de l’été 2005, quand une collègue le surprend en train d’injecter un produit à un patient. L’infirmier, divorcé et père d’un enfant, travaille alors dans une clinique de Delmenhorst, près d’Oldenbourg, dans une unité de soins intensifs.
Dans ce service, Niels H. passe pour un infirmier "passionné" par son travail et jouit d’une bonne réputation, selon la radio allemande Deutsche Welle. Un médecin confie tout de même avoir noté une coïncidence étrange : dès qu’il fallait réanimer un patient, Niels H. était là, prêt à aider les praticiens moins expérimentés. Quant à l’augmentation du nombre de décès dans le service, elle est attribuée à l’époque à la création dans la clinique d’un service de traitement du cancer.
Condamné une première fois en 2008. Mais l’enquête révèle que c’est en réalité Niels H. qui a tué un certain nombre de patients. Il est condamné une première fois en 2008 à sept ans et demi de prison pour tentative de meurtre. Incarcéré depuis, il se serait vanté en détention, auprès d’un codétenu, d’avoir tué pas moins d’une cinquantaine de patients. Résultat : en janvier 2014, le parquet reprend l’enquête et un nouveau procès débute en septembre.
Ce procès porte sur la mort de trois patients âgés de 44, 61 et 78 ans. Tous trois ont succombé à des injections d’Ajmaline, un médicament qui peut causer de graves problèmes cardiaques. Devant le tribunal, l’infirmier a expliqué avoir voulu jouer "par ennui" avec la vie de ses patients, afin de faire la démonstration de ses capacités en réanimation.
Une cellule d’enquête spéciale. Devant l’ampleur des faits, la justice allemande a décidé en novembre de lancer une cellule d’enquête spéciale, baptisée "Kardio", chargée d’examiner tous les cas de décès suspects dans les établissements où Niels H. a travaillé, comme la clinique de Delmenhorst, mais aussi un foyer pour personnes âgées à Wilhelmshaven.
Et le dernier rebondissement de l’affaire, avec le témoignage jeudi de l’expert psychiatrique a donné un nouveau tournant au procès. En plus de la trentaine de patients qu’il aurait tués, Niels H. aurait aussi admis une soixantaine de tentatives d’homicides. Techniquement, il ne s’agit pas d’aveux, puisque l’accusé n’a pas fait ces déclarations devant le tribunal.
En Allemagne, cette affaire pose aussi une autre question : comment se fait-il que ces homicides n’aient pas été décelés plus tôt ? Pour tenter d’y répondre, le parquet général d’Oldenbourg a engagé une procédure contre deux procureurs auparavant chargés de l’affaire, pour déterminer si des négligences ont été commises.