Une veste à capuche bleue, une sage coupe de cheveux au carré et la tête souvent baissée : c’est ainsi qu’Amanda Knox, une Américaine de 23 ans, s’est présentée face à la cour mercredi, rejugée pour le meurtre de celle qui était alors sa colocataire, la Britannique Meredith Kercher. Le crime, particulièrement sanglant, sur fond de drogue et de sexe, a eu lieu en 2007 à Pérouse, en Italie, où les deux jeunes filles étaient étudiantes.
Mais vu des Etats-Unis ou vu de Grande-Bretagne, ce n’est pas du tout le même procès qui se joue.
"Mez" contre "Foxy Knoxy"
A la une de la presse britannique mercredi, Amanda Knox n’a droit qu’à son nom de famille dans les titres alors que c’est par son prénom que les journaux se souviennent de la victime Meredith. Et pour illustrer le sujet sur son site internet, c’est une photo de la scène du crime, "de la maison du crime", barbouillée de sang, que le tabloïd The Sun a choisi de ressortir de ses archives.
Le surnom de Meredith Kercher était simplement "Mez", rappelle le journal britannique Daily Telegraph. Celui d’Amanda Knox est "Foxy Knoxy" ("Knox la rusée"). Lors de sa dernière soirée avant le drame, la victime avait "cuisiné pour préparer un repas avec quelques amis britanniques avant de rentrer chez elle", raconte encore ce journal pour dresser son portrait. Amanda Knox, elle, "travaillait à mi-temps comme barman dans un bar où traînaient des étudiants et il se disait qu’elle fumait du cannabis", détaille ce titre britannique.
Caméras et micros partout à l’ouverture du procès en appel d’Amanda Knox :
C’est une toute autre histoire que racontent les médias américains. Outre-Atlantique, les proches d’Amanda Knox, condamnée à 26 ans de prison en première instance, sont les invités privilégiés des plateaux de télévision. Leur combat : la liberté de leur fille. La chaîne ABC a diffusé mercredi des poèmes écrits en prison par la jeune femme. Avec une écriture d’étudiante, pleine de rondeur, et des cœurs en guise de signature, elle dit rêver que "l’arc-en-ciel qui traverse sa vie" en finisse et qu’elle puisse "rentrer à la maison".
"Dans certains Etats, et en particulier à Seattle [sa région d’origine, NDLR]", remarque Curtis Cartier, sur un blog du Seattle Weekly, "Knox est souvent élevée au rang de héros, de victime d’une erreur judiciaire dans un pays étranger".
Car la presse italienne n’a pas été en reste dans cette affaire, décrivant Amanda Knox comme "un visage d’ange avec les yeux d’un tueur". Une formule choc pour une affaire qui n’en finit pas de faire couler de l’encre. Un téléfilm, américain, est en cours de tournage, avec Hayden Panettiere. Et un projet de film, anglais, est aussi lancé. De nouveaux partis-pris ? “L’idée, c’est qu’au final, il n’y a pas de réponse, cette affaire, c’est un puzzle”, a assuré le réalisateur Michael Winterbottom.